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CHAPITRE XXII

Brienne, La Rothière.


Le lendemain 27 janvier, Napoléon entra dans Saint-Dizier.

À la demande d’Espérat, Henry de Mirel, malgré son jeune âge, fut incorporé dans la compagnie du comte de Rochegaule. Quant au fils adoptif de M. Tercelin et à ses compagnons Bobèche et Ivan, ils reçurent l’ordre de suivre l’Empereur.

Henri était pénétré de douleur. Avant l’arrivée de l’Empereur, il avait voulu aller embrasser Marion Pandin… et au château de Rochegaule, il avait trouvé la pauvre femme morte, assassinée, tenant encore en ses mains crispées un bouton guilloché.

Ce bouton, qui trahissait l’assassin, l’enfant l’avait reconnu. Il appartenait à l’habit du vicomte d’Artin.

Le 28, on se mit en marche sur Brienne par une pluie battante. Les chemins qui ne servaient guère qu’à l’exploitation des bois, étaient exécrables. Mais l’artillerie, bien attelée, passa quand même, grâce aux paysans de la région qui prêtèrent volontiers le secours de leurs chevaux et de leurs bras.

On traversa Éclaron. Ce bourg avait été pillé et ravagé par l’ennemi, et Napoléon donna quelques secours aux habitants sur son trésor. Il promit de faire reconstruire l’église et les maisons que les alliés avaient incendiées.

Le soir, on coucha à Montiérender.

Le 29, l’armée se dirigea vers Brienne.

Il était environ quatre heures du soir, quand les généraux Grouchy et Lefebvre-Desnouettes qui commandaient, le premier, la cavalerie des corps d’armée, le second, celle de la garde, découvrirent, au débouché des bois d’Ajou, les escadrons du comte Pahlen, soutenus par quelques bataillons russes de la division Scherbatov. Ceux-ci avaient été chargés par Blücher de couvrir Brienne, que l’on distinguait au loin, avec son château, bâti sur une éminence et sa ceinture de forêts.