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CHAPITRE XX

… Et encore du Czar Alexandre, qui ne s’en doute pas


Entraînés par les soldats russes que commandait le vicomte d’Artin, Marc et Lucile, les poignets liés, avaient été jetés sur des chevaux, et toute la troupe, au galop de charge, était rentrée à Saint-Dizier.

L’officier, comme la jeune fille, fut conduit au logis Fraisous, enfermé dans une salle, dont la porte, gardée par un factionnaire, demeura ouverte. Deux heures, trois heures peut-être, il resta seul, rêvant à son malheur.

Puis de nouveau des soldats pénétrèrent dans la salle. Ils entourèrent l’officier, lui bandèrent les yeux et l’entraînèrent.

Conduit par eux, Vidal descendit un escalier. Une bouffée d’air humide, le frappant au visage, l’avertit qu’il se trouvait dans une cave ; puis on s’engagea dans un boyau souterrain dont les bras du jeune homme frôlaient les parois.

C’était le tunnel secret indiqué à Espérat par Henry de Mirel.

Aux narines du capitaine montait une odeur de moisi, ses pieds s’enfonçaient par instants dans une boue grasse. Parfois des gouttelettes d’eau, froides, visqueuses, tombaient de la voûte sur ses mains, sur son visage.

Où était-il ? Quel chemin étrange ses geôliers lui faisaient-ils suivre ?

Durant vingt minutes environ continua la promenade. Alors des mains brutales s’appuyèrent sur les épaules du prisonnier, l’obligeant à s’arrêter.

Une lame d’acier appliqua sa pointe glacée sur la poitrine du jeune homme, tandis qu’une voix sourde prononçait à son oreille :

— Pas un geste, pas un cri.

Le bandeau qui couvrait ses yeux fut brusquement arraché et Vidal put voir où il se trouvait.

Une sorte de cour, entre les pavés de laquelle poussaient de hautes