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Espérat s’empressa de mettre ce mouvement à profit. En dix enjambées, il fut auprès de l’ouverture et glissa un regard curieux dans la chambre.

Mirel se tenait debout, au centre, le front penché, dans une attitude lasse et désolée.

Il ne fut pas difficile à Milhuitcent de deviner à quoi songeait le malheureux enfant. La scène de la Croix des Cosaques, la conversation rapide avec Marion, avaient décelé au brave garçon la souffrance morale qui pâlissait les joues du chevalier et mouillait ses yeux.

— Le souvenir de sa mère le tient éveillé, se dit Espérat.

Et tout à coup, obéissant à une impulsion primesautière, il chuchota de façon très intelligible :

— Marion Pandin !

L’effet fut magique. Henri frissonna de la tête aux pieds. Il promena autour de lui un regard égaré :

— Je rêve, balbutia-t-il…, c’est mon cœur qui prononce le nom de ma mère…, et mes oreilles croient l’entendre.

— Non tu ne rêves pas, répondit le gamin sans se montrer.

Mirel chancela, mais se raidissant contre l’émotion, il marcha vers la fenêtre en bégayant :

— Qui a parlé ?

— Moi !

Sur ce mot, Espérat se dressa devant la baie ouverte et hâtivement :

— Silence  ! Un cri me perdrait… J’arrive de Rochegaule, où ta mère pleure ton départ.

— Ma mère ?

— Marion…