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CHAPITRE XVIII

Comment Espérat Milhuitcent devint le confident de Marion Pandin


Par suite de quelles circonstances, Espérat resté évanoui près de la Croix des Cosaques, était-il revenu à Châlons ? La fraîcheur de la nuit avait ranimé le gamin qui, après sa chute, perdant son sang par une blessure qu’un caillou lui avait faite au front, semblait un corps mort abandonné sur la chaussée.

Péniblement il réussit à se mettre sur son séant. Il ne souffrait pas, seulement il se sentait étourdi. La violence du choc subi expliquait assez son état.

Pourtant peu à peu sa lucidité lui revint, avec le souvenir des incidents qui avaient précédé sa syncope.

— Marc Vidal est en danger, s’écria-t-il… Il faut que j’aille au château de Rochegaule.

Alors il se leva tout à fait. Ses jambes, il le constata avec plaisir, n’avaient rien perdu de leur élasticité. Bientôt son cerveau se dégagea complètement. N’eût été une sensation de brûlure au front, le jeune garçon aurait pu croire que l’accident était simplement une péripétie de rêve.

Du reste, il ne s’attarda pas en autocongratulations, et se mit en route presque en courant.

Dix minutes plus tard, il s’arrêtait devant la grille du château de Rochegaule.

Cette grille ouverte, au milieu de la nuit, disait assez qu’une chose insolite se passait.

Espérât eut un cri sourd et bondit en avant.

Mais devant lui, une femme se dressa tout à coup, clamant d’un ton rude :

— Où allez-vous ?