CHAPITRE XVII
Empereur et royaliste.
De nouveau l’Empereur se promenait à pas lents dans la salle, la tête légèrement penchée, la main droite enfoncée dans l’échancrure de son habit, la main gauche derrière le dos, en cette attitude familière que la gravure a popularisée.
— Tiens, murmura-t-il soudain, je n’ai pas vu Vidal…
Et attristé :
— Lui serait-il arrivé malheur ?
Un coup discret frappé à la porte interrompit Napoléon.
— Entrez !
Aussitôt un officier d’ordonnance pénétra dans la salle.
— C’est vous, Larue, fit l’Empereur, qu’y a-t-il ?
— Sire, veuillez m’excuser si je me présente devant vous, malgré vos ordres formels ; mais un homme, arrivant des environs de Saint-Dizier, est venu à l’hôtel de ville ; il prétend avoir des choses importantes à vous dire.
— Un espion ?
— Non, je ne crois pas.
— A-t-il dit son nom ?
— Oui… Le comte de Rochegaule.
— Rochegaule !
Étrange coïncidence. Le comte survenait à l’heure précise où Napoléon s’inquiétait de l’absence de Marc Vidal. L’Empereur en fut frappé.
— Amenez-le-moi, ordonna-t-il.
— M. de Rochegaule m’accompagne.
— Introduisez-le donc, Larue.
L’officier alla à la porte, l’ouvrit, et s’adressant à un personnage demeuré dehors.