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être de la libéralité du gentilhomme, que du mot qu’il avait prononcé.

Napoléon, il avait dit « napoléon », lui qui affectait jusqu’à ce jour de conserver aux pièces d’or, le nom de « louis » qu’elles portaient sous la royauté. Mais il ne leur permit pas de manifester leur étonnement :

— Après cela, vous serez libres, si le cœur vous y pousse, de vous joindre aux braves gens qui s’arment pour rejeter l’ennemi hors de France.

Puis sans paraître s’apercevoir du silence stupéfait de ses auditeurs, il ajouta :

— Pascal, hâte-toi.

Et rentra dans la maison. Il monta à sa chambre située au premier, prit dans un meuble deux rouleaux d’or, dans une armoire, des cartouches, enfouit le tout dans ses poches. Ensuite il écrivit une lettre peu longue, la glissa dans une enveloppe, sur laquelle il traça la suscription :

À maître Vincent Arnaud-Luchartrette
notaire
En son étude de Saint-Dizier.

La missive revêtue du cachet à ses armes, le comte redescendit, jeta sur ses épaules un manteau et gagna la terrasse.

Sans impatience apparente, son fusil de chasse sur l’épaule, il se promena de long en large, jusqu’au moment où Pascal amena au bas des degrés, le cheval sellé.

S’étant assuré que les fontes contenaient ses pistolets, M. de Rochegaule se mit en selle, tendit au valet sa lettre pour maître Vincent.

— Voici le mot sur lequel le notaire vous paiera à tous ce que j’ai promis.

Ses éperons piquèrent les flancs du coursier qui piétina une seconde sur place et s’engagea au trot dans l’avenue de tilleuls conduisant à la route. Près de la grille ouverte, le cavalier aperçut une femme agenouillée