— Vous avez entendu ? fit-il avec calme…
— Ah ! Monsieur le comte…
— Bien. N’avez-vous rien de plus à m’apprendre ?
— Non.
— Alors je vous rends la liberté… Vous plaît-il que je vous fasse préparer une chambre ?
Le jeune homme s’inclina :
— Je vous suis infiniment obligé, mais je dois retourner de suite à la rencontre de mon général.
— Faites ainsi que vous l’entendrez.
Et avec un geste d’une suprême courtoisie, le comte tendit la main à son hôte.
Vidal avança la sienne. M. de Rochegaule la prit, la retint un moment et d’un accent intraduisible :
— Lucile, dit-il, donne aussi la main à ce soldat qui va combattre pour la France que tu aimes tant.
Les doigts tremblants des jeunes gens s’étreignirent une seconde, puis Marc salua dévotieusement. Il allait partir.
Tout à coup les portes-fenêtres de la terrasse, celles qui conduisaient aux appartements, s’ouvrirent avec violence. Une troupe de soldats russes fit irruption dans le salon.
Avant que le comte, que Marc fussent revenus de leur premier mouvement de surprise, ils se trouvèrent entourés, saisis, désarmés par les assaillants.