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— Moi-même, ma bonne Marion.

— Et en uniforme encore… Vous ne savez donc pas que les ennemis sont à Saint-Dizier.

— Si, si… je le sais, j’ai même évité la ville… Mais je suis pressé et malgré l’heure tardive…

— Vous voudriez voir mademoiselle… Ah ! la pauvre chère petite, va-t-elle être heureuse… Depuis longtemps, elle ne rit plus.

Mais Vidal, car c’était lui, interrompit la brave femme, et gravement :

— Moi aussi, Marion, j’aurais grande joie à rencontrer Mlle de Rochegaule, pourtant c’est à M. le comte que je vous prie d’annoncer ma venue.

— À M. le comte ?

— À lui-même, Marion. Faites vite, car chaque minute écoulée rend ma visite plus indiscrète.

La petite femme n’insista pas ; elle s’engagea aussi vite que ses jambes le lui permettaient dans l’avenue du château, tandis que l’officier mettait pied à terre.

Resté seul, celui-ci murmura :

— Cela est mieux ainsi. Me cacher, pénétrer à Rochegaule comme un voleur… Non, c’était impossible.

L’Empereur m’approuvera, j’en suis sûr.

Et avec mélancolie :

— L’Empereur… Comment ai-je pu lui parler de mes soucis… quand l’ennemi est à