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LE VOLEUR DE PENSÉE.

Ils peuvent vivre, et, quand on peut vivre, il devient presque facile d’être honnête, relativement aisé de s’élever dans la hiérarchie sociale.

Contrairement aux adultes, les enfants sont reconnaissants. Mes protégés m’ont choisi pour chef. Ils m’ont décerné le titre qui pouvait être le plus doux à mon cœur. De par leur volonté, je suis le roi des « lads », le roi des gamins.

Ma puissance est grande, car tous m’obéissent ; mes ressources financières sont presque infinies. Détenteur de la force et de l’argent, j’ai pensé que je ne pouvais les mieux employer qu’au service de la justice.

Les opprimés, quels qu’ils soient, ont droit à mon appui.

Voilà pourquoi je vous ai envoyé deux de mes petits sujets, qui me sont chers entre tous, auxquels je ménage, dans le syndicat des lads, des fonctions dont leur âme courageuse et droite les rend dignes.

Ceci posé, je m’explique.

Vous êtes accusé ; et autant que j’ai pu me représenter la physionomie de l’affaire, à travers les racontars des journaux, vous me paraissez innocent, parce que l’abondance des preuves relevées contre vous est trop grande.

Or, je suis certain que les magistrats n’envisageront pas le problème à ce point de vue.

Vous serez donc certainement condamné. Cela n’est pas discutable.

Un ingénieur de valeur sera transformé en convict. Une existence de travail utile sera perdue pour lui et pour l’humanité.

Si je ne me trompe pas sur votre caractère, apprécié à grande distance, vous devez préférer au bagne, n’importe quoi, même la mort.

Qu’est le trépas rapide auprès de la lente agonie du forçat ?

Eh bien ! ce que je viens vous offrir, sous la forme d’une poudre aux graines diversement colorées, c’est la mort peut-être, mais peut-être la liberté d’agir, de démasquer vos ennemis inconnus.

Pourquoi ce peut-être ? Je parle à un homme de science, il me comprendra sans doute.

Vous le savez, les fakirs hindous réussissent à se plonger dans le sommeil pour plusieurs mois. Longtemps on a cru qu’ils opéraient par auto-hypnose, auto-suggestion, etc. Un de mes lads, ex-bouddha vivant, évadé des temples, m’a révélé que les « dormeurs divins », ainsi se désignent les personnages, se mettent en catalepsie, avec la rigidité, le froid, toutes les apparences de la mort, à l’aide d’une poudre, dont ils conservent jalousement le secret.