Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE VI

UN QUATUOR DE GAMINS


Kopling Bilbard, glorieux débris de la guerre Sud-Africaine, avait reçu de la patrie anglaise reconnaissante, en échange de son bras droit enlevé par un boulet dans un paysage rocheux du Transvaal, le poste, recherché dans un certain monde, de portier et chef des gardiens à la prison de Newgate.

Un bras, un seul, qui rapporte cent vingt-cinq livres par an (3.125 francs), le logement, chauffage, éclairage et vêtement, cela ameute les jaloux. Mais Kopling avait muselé l’envie par un de ces beaux gestes de charité, qui imposent le respect aux détracteurs les plus invétérés.

L’un des guichetiers subordonnés au héros mutilé, s’était laissé mourir de loyalisme, c’est-à-dire après avoir ingurgité trop de gin à la santé du roi. Ce sujet, loyal et altéré, était père d’un garçonnet de treize à quatorze ans. Bilbard recueillit l’orphelin, lui tailla des habits dans un vieil uniforme du défunt, et le gamin, affublé d’une veste s’arrêtant à la taille, ainsi que d’un pantalon trop long et trop large, (il faut prévoir que les enfants grandiront), il l’avait coiffé d’un chapeau haut de forme, acheté à l’un de ces industriels londoniens qui rafraîchissent, à l’usage des gens du peuple, les coiffures jetées au rebut, d’abord par les gentlemen élégants, et ensuite par les valets de chambre.