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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Voici ce que je vous propose. Aussitôt le jugement rendu, je vous emmène en Allemagne, je mets la jolie malade entre les mains du docteur Wohlinz, un ami, et ce qui vaut mieux un spécialiste, auquel nul poison ne résiste. En un mois, six semaines, il vous rendra l’intelligence de votre chère et gracieuse enfant.

— Ah ! s’écria Tiral d’une voix tremblante, si vous pouviez dire vrai !

— Je dis toujours vrai, riposta audacieusement le gros homme.

Puis enchaînant son discours :

— Fraü Liesel guérie, je mets un petit capital à votre disposition. Il ne faut pas seulement la santé, il faut aussi la conserver.

Le comptable joignit les mains :

— Vous êtes la bonté même. Monsieur.

Son interlocuteur secoua la tête avec une modestie affectée :

— Mais non, mais non. Je suis un égoïste sentimental ! Pour quelques milliers de francs, un rien dans ma situation, je me donne la joie de sauver deux personnes, et peut-être d’acquérir des amis…

— Oh ! n’en doutez pas, et comme preuve…

Une seconde, le vieux Tiral parut hésiter ; mais sa reconnaissance fut plus forte que sa réserve, et il reprit, parlant vite comme pour couper court au débat intérieur qui s’était élevé en lui :

— Un ami ; à un ami on ne cache rien. Quelques milliers de francs ; le moyen d’aller là, où je connais un gîte diamantifère d’une richesse incalculable. Jadis, égaré dans la brousse, j’avais tracé, sur le petit pied du bébé dont je devais être séparé, un plan lisible pour moi seul de l’endroit ; c’est le tatouage étrange remarqué par les médecins, reproduit par les journaux.

— Ah bah ! riposta Von Karch d’un ton de surprise parfaitement joué.

— Idée folle de père, n’est-ce pas ; mais vous saurez tout ; l’endroit du gîte…

L’Allemand l’interrompit vivement :

— Pas un mot de plus, cher monsieur Tiral. Je ne veux pas savoir.

— Pourquoi ?

— Parce que je ne fais pas un placement. Je vous aide, vous êtes content, cela me suffit. Vous me revaudrez cela en affection, la pierre précieuse la plus rare du monde.

D’un mouvement éperdu, le comptable saisit la main de son interlocuteur et la porta à ses lèvres.

Celui-ci se dégagea doucement, et se levant :