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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Vous ne me croyez pas ?

— J’espère que vous détruirez tes apparences…

Avec un cri de douleur l’ingénieur s’effondra sur un siège.

— Vous espérez ; donc il vous paraît possible que j’aie écrit cette lettre.

— Vous exagérez, mon pauvre ami…

— Vous savez votre bonté, votre confiance ; vous savez la pureté de miss Édith. Et je vous aurais menti ; je vous aurais trompé ! J’aurais bassement spéculé sur votre aveuglement. Mais alors, je serais un aventurier, un misérable…

Sans doute, Ashley Wood pensa qu’il était de bonne politique de mettre fin à cette scène, évidemment fort ennuyeuse pour le riche Fairtime, car il frappa légèrement l’épaule de François.

— Vous avez promis d’éviter tout scandale.

Le pauvre garçon frissonna.

— C’est vrai.

Alors vous pourriez penser que vos dénégations seront reçues plus utilement par le tribunal.

François ferma les yeux, étendit les bras dans le geste tragique d’un crucifié, et l’organe grelottant sous la poussée d’un sanglot intérieur :

— Vous avez raison.

Il s’inclina devant le lord ; avec une douceur disant plus de désespérance que des cris, il murmura :

— Adieu, monsieur Fairtime. Adieu. Pourquoi n’avez-vous pas eu la parole qui encourage ?

Et sans attendre de réponse, il se tourna vers le policier.

— Monsieur, je suis prêt à vous suivre.

Une exclamation, arrachée à la surprise des trois personnages ponctua la phrase. La porte venait de s’ouvrir, et sur le seuil, Édith se montrait, le visage baigné de larmes, mais un rayonnement dans les yeux.

— Vous demandiez un mot qui encourage, François, fit-elle dans le silence stupéfait. Ce n’est pas assez. À celui qui souffre injustement, il faut la parole de foi, de confiance. Votre fiancée vous l’apporte.

— Édith ! articula sévèrement M. Fairtime.

Mais la gracieuse enfant, si douce, si tendre à l’ordinaire, regarda son père dans les yeux, et il se sentit dominé. Une minute d’agonie lui avait donné la majesté auguste du malheur.

— Pardonnez-moi de vous désobéir, mon père, dit-elle lentement d’une voix bruissant ainsi que la plainte d’un pur cristal. Mais il est ma vie et je