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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Vous êtes bien M. François de l’Étoile, ingénieur aviateur, domicilié à Paris, rue d’Auteuil, dans la pension de famille Villeneuve ?

— En effet.

— Arrivé ce matin de Saint-Malo, par le steamer Empress ? continua le policier sans tenir compte de la réplique.

— Et qui a déjeuné dans cette maison, plaisanta le jeune homme.

— Avec nous, ajouta mutinement Édith prenant son parti de l’événement,

La gaîté se glaça sur ses lèvres. Ashley Wood l’avait couverte d’un regard attristé.

— Pourquoi me considérez-vous ainsi, fit-elle sans en avoir conscience, troublée par le coup d’œil du policier.

Celui-ci hocha lentement la tête.

— Parce que je dois vous prier de vous retirer, Miss.

— Me retirer ?

— La… conversation que je dois continuer ne saurait être tenue devant une jeune personne.

— Hein ? Comment ?

— Que signifie cette charade ?

Fairtime, François, lancèrent ces répliques stupéfaites. Évidemment, le lord n’était pas plus au courant que les fiancés. Le policier se borna à accentuer sa demande.

— Il sera plus en convenabilité que Miss n’assiste pas à la suite de l’entretien.

— Cédez, Édith, conseilla doucement l’ingénieur. Cédez pour ne pas prolonger cette scène ridicule.

Il s’arrêta net. Ashley avait prononcé :

— Il vous sera tenu compte de ce bon mouvement. Il démontre que vous estimez convenablement les faits.

— Pour les estimer, il faudrait les connaître.

— Et vous les ignorez, persifla l’inspecteur. Bon, bon. Vous ne les ignorerez pas longtemps, si Miss veut bien accéder à ma prière.

Sur toutes les physionomies, il y avait maintenant de l’ahurissement.

Le ton du policier, l’assurance dont il faisait preuve, jetaient une inquiétude poignante dans l’esprit des assistants.

Certes, aucun ne croyait François coupable, mais l’erreur policière est connue dans tous les pays. Il n’est pas un citoyen d’une nationalité quelconque qui n’ait tremblé, une fois au moins dans sa vie, à la pensée qu’une erreur de cette nature pourrait s’abattre sur lui.