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L’AÉROPLANE-FANTÔME

Le Lovely, après une heureuse traversée, était arrivé la veille dans le port de Kiel.

Durant la nuit, l’aéroplane demeuré à bord jusque-là, s’était élevé dans l’air sous la conduite du mécanicien Klausse et aurait pris la direction du Nord-Ouest, ralliant l’usine anglaise des Fairtime, où il avait été construit.

— Pour quelle heure la visite ? demanda Ketty.

— Pour onze heures.

— Nous avons le temps.

— Oui, mais il vaut mieux être en avance ; le visiteur ne doit pas attendre.

Joé secoua la tête.

— Enfin, qu’espère-t-on de cette entrevue ? J’avoue que j’ai beau chercher, je ne trouve pas.

— Nous non plus, curieux Joé. Seulement Miss Édith ne pleure plus. Son fiancé paraît rempli de confiance. N’est-ce pas lui qui nous a dit : Tout sera terminé aujourd’hui.

— Sans doute, sans doute ! Mais il aurait pu s’expliquer davantage.

— Sûrement il aurait pu ; il n’a probablement pas voulu, et il nous faut en prendre notre parti.

Au bord du quai, un canot monté par quatre matelots du Lovely, attendaient les promeneurs.

Ceux-ci s’embarquèrent.

La chaloupe déborda aussitôt et se dirigea vers le yacht américain, que l’on distinguait dans le bassin du Commerce.

Au loin, les imposantes superstructures de plusieurs cuirassés se profilaient au-dessus des toitures basses des constructions du Port Militaire. Tril les désigna à ses compagnons :

— Il est là-bas, au milieu de ces bâtiments de guerre.

Ils inclinèrent la tête. De quel Il parlait-il ainsi, avec un mélange de déférence et d’anxiété ? Les jeunes gens ne le dirent pas.

Le canot, enlevé par des rameurs experts, filait comme une flèche. Bientôt il vint ranger le bordage du Lovely.

Tous, passagers et rameurs escaladèrent l’escalier de la coupée, l’embarcation fut hissée sur ses palans.

Et, accoudés sur le bastingage, Tril et ses amis demeurèrent muets, les yeux obstinément fixés dans la direction du port militaire… Qu’attendaient-ils ainsi ?

— Dix heures trois quarts, prononça tout à coup Suzan consultant une