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L’AÉROPLANE-FANTÔME

Des marins les avaient aussitôt conduits dans l’appartement d’arrière, ou Édith se retrouvait avec désespoir.

Et silencieux, nul ne se sentant le courage de convier ses compagnons à l’espérance, ils semblaient avoir perdu même la force de se plaindre.

Comme ils restaient ainsi, la porte s’ouvrit. Sur le seuil se montra Von Karch. Et derrière lui, dans la pénombre du couloir, se devinaient confusément plusieurs matelots armés de carabines.

L’espion couvrant les prisonniers d’un regard triomphant, laissa tomber ces seuls mots :

— Eh bien ! Monsieur François de l’Étoile, je crois le moment venu pour vous de déplorer l’heure où, à Mourmelon, vous m’avez refusé le plaisir d’être votre beau-père.

Ce fut tout. La porte se referma.

Von Karch s’était éloigné, ayant répandu sur ses prisonniers la suprême désespérance.

Dans sa phrase railleuse, ceux-ci avaient discerné la menace d’une âme inflexible. Désormais, ils se savaient irrémédiablement perdus.

Et Édith s’abattit avec un sanglot dans les bras de l’ingénieur, tandis que Margarèthe, le visage hagard, les bras étendus en avant comme pour repousser une horrible vision, semblait frappée de folie.

Von Karch, flanqué de Pétunig rejoint à Progreso, et du jeune Tril, venait en effet de se faire conduire par un canot du port à bord du Fraulein.

Parvenu au navire, il avait renvoyé ses bateliers.

À la coupée, Tafsen l’attendait.

— Eh bien, Tafsen ? demanda-t-il.

— Tout va bien, Herr. Ceux que l’on attendait sur la lagune, sont enfermés à l’arrière ; les caisses, leurs bagages sans doute, ont été déposés dans votre cabine.

Enchanté de ces renseignements, l’espion ne remarqua pas chez le commandant Tafsen une nuance de gêne, d’hésitation.

— Je vais les voir, reprit-il, je tiens à m’assurer par moi-même qu’aucun ne manque à l’appel.

Ainsi il s’était rendu à l’appartement de poupe.

Reste seul, l’officier se retourna vers une personne à demi dissimulée derrière les apparaux, et prononça cette phrase étrange :

— J’ai obéi, mais j’aurai ma grâce ?

Une voix juvénile répondit :

— Cela est promis. Continuez à agir loyalement ; non seulement vous