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LE LIT DE DIAMANTS.

Et Tafsen, suivi de Ketty, ayant disparu dans le couloir, la jeune Américaine sortit à son tour.

Deux minutes après, elle arrivait aux cuisines. Elle allait en franchir le seuil, quand des mains robustes saisirent ses frêles poignets, et une voix rauque s’exclama :

— Tiens une matelote ! Il n’y en avait pas dans l’équipage ; d’où sortez-vous, la belle ?

Entraînée par son agresseur, Suzan se trouva en pleine lumière, dans la cuisine du bord, où deux hommes surveillaient la cuisson du rata de l’équipage.

Celui qui la tenait, un robuste gaillard à la moustache fauve, était le maître-coq qu’elle avait pensé surprendre.

La jeune fille était prisonnière à son tour.

À ce moment même, dans l’appartement de l’arrière, divisé en cabines communiquant entre elles, où naguère les Fairtime avaient été prisonniers durant la traversée de Hambourg au Yucatan, Édith se tenait immobile, navrée par le coup du sort qui venait de la réintégrer dans cette geôle toute pleine de souvenirs funestes.

Ah ! la malchance apparaissait désormais invincible.

Après le départ du Cenote d’Ah-Tun, le canot emportant François, Édith, Lord Gédéon et Péterpaul, Margarèthe gémissante, et Joé tout interloqué d’être séparé de Ketty, s’était enfoncé dans le dédale souterrain devant le ramener à la côte.

L’ingénieur n’avait pris d’autre précaution que de placer un fanal à l’avant afin que l’embarcation ne pût donner contre un obstacle invisible.

Pour le surplus, on s’abandonna au courant, lequel conduirait sûrement les voyageurs à la mer.

Le bateau ne contenait pas de vivres ; deux jours sans nourriture, (on comptait ce laps nécessaire pour atteindre la côte) ce serait pénible mais supportable.

Or, vers le milieu de la première journée de navigation, les chronomètres indiquant midi, le canot arriva en face d’un affluent du fleuve souterrain, lequel lui apportait le tribut d’une onde rapide et bouillonnante.

Et comme ils regardaient les eaux tumultueuses se mêlant au calme courant qui les entraînait, une sorte de projectile jaillit du tunnel d’ombre déversant le torrent ; un cri s’échappa de toutes les lèvres.

Ce projectile venait droit sur le canot. Une collision allait avoir lieu, et dans les ténèbres, un naufrage supprimerait les victimes de Von Karch.