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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Nous souhaitons causer avec vous, Herr ; je suis certaine que vous ferez droit à notre désir, aussi je veux être correcte et vous présenter vos visiteuses.

Elle se désigna du doigt :

— Le commodore (capitaine de la marine américaine) Suzan ; mon amie et mon aide de camp, miss Ketty.

Et profitant de la stupeur du commandant du Fraulein, lequel fixait des regards hébétés sur ces jeunes filles s’attribuant des grades dans la marine fédérale, elle ferma tranquillement la porte, puis souriante :

— Asseyez-vous donc, Herr Tafsen. Vous alliez, je le vois, déguster un punch ; ne vous gênez pas pour nous.

Machinalement, l’interlocuteur de l’étrange commodore se versa une copieuse rasade.

— Là, reprit Suzan avec satisfaction. Daignez ouvrir des oreilles complaisantes.

Elle prit une pose abandonnée, sans cesser de tenir le commandant sous la menace de son revolver.

Comment les deux fillettes se trouvaient-elles là ? On se souvient que la venue des Mayas avait déterminé le watman Klausse à provoquer l’envolée de l’aéroplane, malgré la résistance de Suzan et de Ketty, qui eussent voulu joindre leurs amis demeurés dans le gouffre.

Quand, au matin, Klausse se hasarda à revenir au Bois Interdit, la futaie était redevenue déserte. Une exploration du Cenote avait révélé aux trois aviateurs une part de la vérité.

Leurs amis avaient fui par la rivière souterraine, sans cela leurs cadavres eussent été visibles comme ceux des complices de Von Karch.

Donc il fallait aller les attendre à Progreso.

Mais auparavant, l’aéroplane décrivit un crochet sur Campêche, afin d’entraîner le steamer américain Lovely, qui avait rallié ce mouillage sur la dépêche chiffrée expédiée naguère de Mérida par Tril.

À Campèche, les voyageurs aériens ne trouvèrent, ni le Fraulein, ni le Lovely. Tous deux, le second surveillant le premier, s’étaient déjà mis en route vers Progreso.

Dans ce dernier port, Klausse et ses compagnons avaient découvert le Lovely amarré au fond du bassin.

Suzan avait eu une mystérieuse conférence avec un jeune garçon de dix-huit ans à peine, qu’elle avait appelé Capitaine Martins.

Celui-ci lui désignant le Fraulein, affourché sur ses ancres au milieu de