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L’AÉROPLANE-FANTÔME

Un hurlement éperdu fuse entre les lèvres de Von Karch, se répercute sous les voûtes des galeries. Les amarres sont coupées et le canot est devenu invisible.

Ceci est le dernier coup. Avec une plainte rauque, l’espion s’affaisse sur le rocher.

Ce qui s’est passé est la résultante logique des combinaisons du fourbe.

Lorsque, sous une volée de balles lancées par les bandits, s’est brisé le câble qui hissait vers l’aéroplane le malheureux Jim Fairtime, François et Édith ont éprouvé un mortel affolement.

Qui est la victime ? Ils l’ignorent. Ils savent que l’un des prisonniers était suspendu dans le vide obscur. Mais lequel ? Est-ce le Lord ? L’un de ses fils ? Margarèthe ?

— À terre, ordonne l’ingénieur.

Et l’aéroplane s’est posé doucement au bord du Cenote. François s’est armé de l’un de ses terribles radiateurs d’ondes hertziennes, il a quitté l’appareil sur ces mots :

— Que personne ne bouge. Il ne faut pas qu’en châtiant les misérables, je risque de frapper l’un de vous.

Puis à Klausse, il a jeté cette suprême recommandation :

— Quoiqu’il arrive, tu réponds de l’appareil. Il doit rester libre !

C’est l’instruction suprême du commandant de vaisseau quittant son bord.

Il a disparu, englouti dans l’ombre du Cenote. Il arrive à temps. Siemens et ses compagnons tiennent les prisonniers en joue ; mais le radiateur entre en action. Des éclairs livides sillonnent les ténèbres. Les bandits ont expié. Les captifs sont délivrés.

Et un cri résonne éperdu. Édith est dans les bras de lord Gédéon. Elle a suivi François malgré sa défense.

Quel reproche pourrait-il adresser à la jeune fille dont le cœur est partagé entre la joie d’un père et d’un frère retrouvés, et la désespérance d’un frère si tragiquement frappé tout à l’heure.

Mais, brusquement, des pas précipités résonnent sur le sentier. Joé accourt.

— Klausse m’envoie vous chercher. Des habitants du pays ont envahi le bois. Dans quelques instants ils seront sur l’aéroplane.

— Tout le monde en haut, rugit le Français comprenant qu’une terrible complication va peut-être transformer sa victoire en désastre.

Les Indiens arrivaient avant l’heure prévue par Von Karch.