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L’AÉROPLANE-FANTÔME

Il fait résonner l’abîme d’un rire bestial.

— Il y a tentative d’évasion. Tout est permis, le patron l’a dit. Allons, camarades, apprêtez armes ; on les fusillera comme des lapins.

Les carabines sonnent, s’abattent sur les mains des bandits. Effrayés à la pensée que l’aéroplane les domine, ils se hâtent. Ils veulent se venger par avance. Ah ! l’aviateur pourra descendre ensuite !

— En joue, hurle Siemens !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le pseudo Manuelito avait paru un instant dans le Cenote vers 9 heures. Ses dernières paroles étaient parvenues aux prisonniers :

— Dans trois ou quatre heures, nous partirons.

Puis il s’était élancé sur la pente du gouffre. Il se hâtait, se rappelant l’avis amical de Pétunig :

— Reste aux approches du canot, Manuelito.

Bah ! il ne quitterait plus Von Karch. L’espion, ayant conduit toute l’affaire, serait bon juge du moment où il conviendrait de rallier l’embarcation.

Tout l’après-midi, Tril avait travaillé dans le gîte mystérieux connu seulement de l’Allemand, de Tiral et de Liesel. C’était là qu’il retournait.

Il traversa la zone découverte entourant le Cenote. À l’opposite du point où s’amorçait le sentier du Temple, une autre coulée s’enfonçait dans le taillis.

Il s’y jeta sans hésitation. L’étroite passe serpentait, décrivant des courbes imprévues. En cinq minutes. Tril parvint auprès d’un amoncellement de roches emprisonnées dans le fouillis d’une végétation luxuriante.

Ronces aux ardillons aigus, lianes multicolores, graminées, cactus épineux, s’entrelaçaient, semblant aux prises dans un corps à corps farouche. Les plantes, elles aussi, connaissent les horreurs de la lutte pour la vie. L’Américain écarta les feuillages, démasquant l’entrée d’une galerie s’enfonçant sous la terre. On eût dit un terrier géant, assez large pour livrer passage à un homme courbé. Le jeune garçon se baissa, ramassa un objet déposé près de l’ouverture, et un jet de lumière électrique se projeta dans le couloir.

L’objet n’était autre qu’une lampe de poche.

Le gamin disparut dans le passage. Celui-ci accusait une pente assez rapide. À deux reprises, il tourna à angle-droit.

Soudain, une sorte de puits s’ouvrit devant le marcheur. Le terrier aboutissait à un abîme si profond, que la clarté n’en pouvait atteindre la partie inférieure.