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LE LIT DE DIAMANTS.

— Un danger. Quel danger ? Cela vise-t-il M. Tiral et sa fille ? Je n’en sais rien.

Tout en méditant, il se dirigeait vers le sentier du temple. Les premiers buissons franchis, il s’arrêta net. Au milieu du chemin, Liesel l’attendait.

— Herr Von Karch dort encore, dit-elle à voix basse. Je suis venue et j’ai entendu. Cet homme parle haut heureusement.

— Oh ! Haut ou bas, il ne nous a pas appris grand’chose.

— Si, je crois savoir.

— Qu’y a-t-il à faire ?

— Rien. Je ne quitterai pas mon père : c’est tout ce que je puis pour écarter de lui le menaçant inconnu.

— Ou pour succomber avec lui.

Liesel haussa les épaules avec une sorte de résignation fataliste.

— J’ai voulu sa mort avant de le connaître ; il m’a appris que l’on aime ; tomber auprès de lui sera réparer !

Elle parlait pour elle seule. C’était à sa propre pensée qu’elle répondait. Un tremblement agita tout son corps, et, de l’air absorbé de qui sort d’un rêve :

— Je vous laisse ; je vous suis reconnaissante de votre démarche auprès de Pétunig. Si, prononça-t-elle avec force pour répondre à un mouvement du jeune garçon, un renseignement même incomplet suffit à dicter la conduite à tenir. Grâce à vous, je sais que je ne dois pas laisser mon père seul un instant.

Sur ces mots, elle regagna le temple, courant presque.

Tiral et Von Karch continuaient leur somme. Cependant, au bruit léger de ses pas, tous deux ouvrirent les yeux, s’étirèrent :

— Déjà levée, murmura Tiral considérant sa fille avec une infinie tendresse.

— Ne faut-il pas préparer le déjeuner de ces messieurs ?

— Ma foi, l’idée est heureuse, s’exclama Von Karch. Je suis d’avis de nous mettre au travail le plus tôt possible. Une partie de mes hommes transportera dans le grand canot qui nous a amenés, les coffrets rassemblés ici, et nous, nous ramènerons à la surface du sol les belles pierres encore enfouies sous la terre.

La métisse le regarda bien en face.

— Sommes-nous pressés à ce point ?

— Ma chère enfant, riposta l’Allemand d’un ton paternel, on ne regrette jamais de s’être hâté. Un ennemi rode autour de nous. Je voudrais qu’au