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LE LIT DE DIAMANTS.

La petite lumière, signal de l’éloignement des bandits, ne se ralluma pas.

Sans doute, une rumeur, renforcée par la forme en pavillon du cenote, avait éveillé l’attention des complices de Von Karch, les incitant à une surveillance plus étroite. De fait, quatre d’entre eux étaient descendus jusqu’à la plate-forme. Ils s’y étaient installés, rendant toute évasion impossible.

Le reste de la nuit s’écoula pour les passagers de l’aéroplane dans une attente douloureuse.

Une ligne blanche à peine perceptible apparut à l’horizon.

— L’aube, lança l’organe assourdi de Klausse.

L’aviateur, fit un geste et l’aéroplane, dans un lent glissement, effleurant la cime des arbres de la forêt interdite, s’éloigna du Cenote au fond duquel les fiancés douloureux laissaient la moitié de leur cœur.

L’aéroplane avait à peine disparu derrière le rideau vert des arbres, que Tril se montra à la lisière du bois.

Profitant de ce que tous dormaient encore à l’intérieur du temple, il s’était glissé dehors. Nul n’aurait soupçonné que le gamin nourrissait des pensées graves. Il allait, les mains dans les poches, considérant les plantes épineuses aux larges feuilles armées de dards, le ciel, les arbres, avec la quiétude d’un oiselet qui salue l’aurore.

Dessinant des crochets sans but apparent, il se rapprochait peu à peu de l’entonnoir béant du cenote. Sur le bord, il s’arrêta, considérant le gouffre qui, par contraste avec la surface du sol, apparaissait plus sombre, plus sinistre.

— Voilà, grommela-t-il. Si je vais à Pétunig, il s’étonnera de ma visite. S’il s’étonne, il ne dira rien.

Il s’interrompit soudain.

— Quelque chose remue dans le trou. Qu’est-ce que c’est ?

Ses yeux clairs trahirent un effort de vision.

— Mais c’est un homme qui monte. Pétunig ? En voilà une chance !

L’individu sortait peu à peu de la pénombre. Le jeune garçon remarqua qu’il était armé, équipé, comme pour un voyage.

Et le bandit ayant une exclamation de surprise en le reconnaissant, l’Américain expliqua :

— Je t’attendais pour te souhaiter bonne chance dans ton expédition.

— Peuh ! Elle n’est pas dangereuse pour moi.

Pétunig s’interrompit en se mordant les lèvres.

— Motus, grommela-t-il. Je sais que le « Patron » a confiance en toi ;