— Allo ! allo !
— Allo, répondit une voix qui la fit frissonner, qui lui arracha ce cri : Mon père !
Lord Fairtime se trouvait à l’autre bout du fil. Et, soufflée par François, se hâtant de mettre à profit une communication pouvant être interrompue d’une seconde à l’autre, miss Fairtime parla :
— Allo, une corde va descendre ; elle porte un système de courroies, se passant sous les bras, autour des reins et des jambes. Chacun les revêtira à son tour, et nous effectuerons un va-et-vient qui vous amènera successivement à bord.
Soudain elle sursauta.
— François ! Margarèthe est prisonnière ; prisonnière pour nous avoir manifesté sa pitié. Ne la sauverons-nous pas, bien qu’elle soit la fille d’un misérable ?
Le jeune homme riposta par un sourire.
— Je vous aime, Édith ; comment n’aimerais-je pas la bonté ? Dites-lui que toutes les victimes, toutes, seront les bienvenues dans notre esquif aérien.
— Faut-il faire glisser les courroies le long du câble ? interrogera à ce moment la petite Suzan.
— Un instant encore. Dites-leur ceci, Édith : « Si les geôliers font un mouvement suspect, éteignez la lumière qui nous a permis de reconnaître l’emplacement de votre bivouac Prévenus ainsi, nous attendrons que vous rallumiez pour reprendre l’opération. »
— Et s’il prenait fantaisie aux gardiens de demeurer auprès des prisonniers ? demanda la jeune fille avec une anxiété dans la voix.
— Nous attendrions ici jusqu’à l’extrême limite de la nuit et reviendrions demain soir.
La gentille Anglaise lança ces explications sur le fil.
— Maintenant, prononça l’ingénieur avec une gravité soudaine, Suzan, envoie les courroies.
Mais la fillette n’eut pas le loisir d’obéir. Édith avait poussé un cri.
— La lumière s’est éteinte.
— Ramène le filin, ordonna François ; les geôliers doivent inquiéter nos amis.
Et frissonnants, penchés au-dessus du vide, tous demeurèrent immobiles, sondant l’obscurité du gouffre, essayant en vain de voir, d’entendre, de deviner ce qui avait motivé l’interruption de la communication.