Ainsi ils distinguent le faible rayonnement des lanternes, marquant les trois échelons de gardiens établis entre la plate-forme occupée par les captifs, presque au niveau de l’eau souterraine, et le point où le sentier débouche à la surface du sol. Ils discernent même, comme perdue dans les profondeurs du gouffre, une clarté imprécise.
— Eux ! prononce Édith d’une voix étranglée.
Eux ! Tous frissonnent. Ils sentent peser sur eux l’angoisse qui oppresse la jeune fille, perdue dans les profondeurs du ciel, et qui devine là, autour de la clarté à peine visible, les parents tendrement chéris.
François se penche vers elle :
— Édith, voulez-vous leur annoncer leur délivrance ?
— Leur annoncer ? redit-elle de l’air hésitant que l’on prend alors que l’on craint de mal comprendre. Cela est-il possible ?
François fait un signe à Suzan.
— Le téléphone, petite ; dirige-le sur la lumière la plus lointaine. Pas de sonnerie qui pourrait être entendue par les gardiens.
— Un simple battement alors ?
À l’extrémité du filin, qui tout à l’heure supportait l’ingénieur, la fillette fixe un oreillon parleur de téléphone. Le filin sera le conducteur, car il est formé de torons métalliques.
— Combien de fil ?
— Trois cents mètres environ. Au surplus, le déclic t’avertira quand l’oreillon touchera.
Il y a un silence. Tous regardent avec anxiété la bobine-tambour qui tourne lentement, laissant se dérouler le câble métallique. Un claquement de taquet. Suzan embraie la bobine.
— Trois cent cinq mètres, dit-elle, tout en agrafant un second oreillon parleur près du tambour.
L’ingénieur désigne celui-ci à Édith.
— Prenez-le, Édith, pour être en mesure de parler aussitôt qu’en bas ils auront saisi le parleur.
— Le verront-ils ?
— ils l’entendront sûrement. Tenez, l’un d’eux l’a en mains.
Un grincement, à peine perceptible, comme le grignotement d’une souris, venait de se faire entendre. Il continuait sans interruption.
— Le bruit cesse en bas aussitôt qu’on a saisi le parleur, et il se transfère ici pour avertir. Parlez, parlez, Édith.
En proie à une émotion indicible, la jeune fille murmura :