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L’AÉROPLANE-FANTÔME

leurs, ne saurait manquer de factionnaires. Aussi répondit-il sans hésiter :

— Manuelito. Communication du patron à Herr Pétunig.

— Passe alors. Pétunig est plus bas.

Le jeune garçon continua sa route. Il distingua au passage une forme humaine tapie entre deux excroissances du rocher. C’était le factionnaire. Un peu plus loin, il contourna le premier poste. Quatre hommes dormaient, étendus en travers du sentier. En avant, une petite lanterne dont l’abat-jour de papier évidemment façonné par les dormeurs, rabattait la clarté sur le sol, répandait cette lueur douteuse que le gamin avait remarqué d’en haut.

— Oh ! oh ! murmura-t-il avec un rire silencieux. On prend ses précautions pour ne pas révéler sa position aux passants du ciel. M. François avait raison. Seul, je suis assez sincère pour lui faire connaître le gîte.

Près du deuxième groupe, on l’arrêta encore. Il n’y avait là que deux hommes ; mais l’un était Pétunig. Celui-ci écouta les paroles du jeune garçon, le questionna minutieusement sur le chemin à suivre pour gagner l’entrée du temple. Après quoi, curieux et vaguement inquiet :

— Sais-tu ce qu’il me veut, mon brave Manuelito ?

— Tu penses bien qu’il ne me l’a pas dit, repartit l’interpellé rendant tutoiement pour tutoiement. Seulement il aurait à te donner quelques instructions concernant les deux qui sont là-haut, que cela ne m’étonnerait pas.

— Tu dois être dans le vrai ; dans une heure donc…

— Dans cinquante minutes maintenant. Il s’est écoulé dix minutes depuis que j’ai quitté le patron.

— Soit… cinquante minutes. Bonsoir.

Quelques instants après, Manuelito atteignait le sommet, et jaillissait du cenote comme un lutin. Maintenant l’espace dénudé apparaissait sombre : La lune avait disparu. Mais cette situation qui rendait plus difficile la marche du jeune homme, ne parut pas lui déplaire. Il se frotta vigoureusement les mains, monologuant :

— All right ! Il fait noir comme dans un four. Le point rouge se verra aussi nettement que le nez au milieu du visage.

Et se hâtant autant que l’obscurité le lui permettait, il parvint à la « passée » à peine indiquée conduisant à l’entrée du temple.

Mais il ne s’arrêta point en face du pylone. Il se lança sur les flancs de l’éminence recouvrant les constructions du temple des Pah-Ah-Tun.

S’agrippant aux broussailles, aux troncs d’arbres, il atteignit bientôt le sommet. La forêt y avait semé ses végétations comme partout ailleurs. Avisant un arbre au tronc énorme.