Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/412

Cette page a été validée par deux contributeurs.
399
LE LIT DE DIAMANTS.

Cette réflexion appela l’attention de l’ex-comptable sur le jeune garçon. Son regard interrogateur sembla demander à l’espion qui était ce compagnon inconnu.

— Un dévoué et adroit serviteur, répliqua l’Allemand. Sans lui, nous ne serions jamais parvenus ici. Il devait la vie à Brumsen.

— Ah ! le pauvre garçon si malheureux…

— Il n’est plus malheureux, Monsieur Tiral.

— Vraiment !

— Non, il est mort, assassiné par François de l’Étoile !

Le comptable eut un gémissement. Liesel appuya sur l’Allemand un regard inquisiteur. Celui-ci conclut d’un air attristé :

— Mais occupons-nous de nos personnes. Nous pleurerons les victimes quand nous serons en sûreté. Veuillez nous accorder l’hospitalité de votre temple.

Ce à quoi l’interpellé répondit :

— Daignez me suivre. Mon temple, comme il vous plaît de l’appeler, est à vous, ainsi que votre obligé Tiral.

Les quatre personnages, Tiral marchant le premier, rentrèrent sous bois, longeant un renflement du sol, sur lequel la végétation se pressait plus serrée, comme si la nature, désireuse d’effacer les empreintes de l’homme, lançait à l’assaut des ruines ses bataillons verdoyants.

Le comptable, ayant écarté un rideau de lianes retombantes, un pylône de pierre apparut, figurant une porte rappelant par sa forme celle des ruines égyptiennes.

— La lanterne, Liesel.

— Voici, mon père !

Les deux répliques, à peine perceptibles, frissonnent dans le silence. Une clarté scintille. Tiral vient d’allumer.

— Je marche lentement. Le sol est parsemé de pierrailles tombées de la voûte.

Un à un, les compagnons de Tiral passent sous le pylône et suivent une galerie basse, si étroite que les larges épaules de Von Karch frôlent les murs.

Sur les parois se détachent, grimaçantes sous la clarté dansante du lumignon, des figures bizarres, aux coiffures rappelant des couronnes, des mitres, des bonnets. Ce sont des peintures à demi effacées. Que représentent-elles ? Les prêtres disparus de la religion éteinte des Pah-Ah-Tun pourraient seuls le dire, s’ils sortaient de leurs tombeaux séculaires pour enseigner aux modernes les mystères oubliés.