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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Je vous disais, Monsieur Tiral, que ma présence n’est pas aussi heureuse que vous semblez le croire. Je suis venu pour vous mettre en garde contre un ennemi qui a juré votre perte.

— Un ennemi ? Je ne m’en connais pas.

— Vous oubliez un certain François de l’Étoile, qui a frappé votre fille, qui…

Tiral étendit les mains en avant comme pour repousser une vision désagréable.

— Ne parlons plus de lui ; il est mort. À Dieu de le juger.

— Et s’il n’était pas mort, Monsieur Tiral ?

Les auditeurs de l’Allemand sursautèrent. Liesel exhala un long soupir.

— Ce n’est pas sérieux ? balbutia enfin l’ex-comptable.

— Il vit. D’accord avec les Fairtime, cet aventurier a joué la parodie de la mort.

Au mot « aventurier » si audacieusement appliqué, le pied de Tril-Manuelito s’agita avec impatience. Évidemment, le gamin résistait au désir de botter l’insulteur. L’espion ne vit pas cela. Il continuait lentement :

— Il a quitté le tombeau. Il a réalisé le damné appareil imaginé par lui, et avec cet engin, rapide comme l’éclair, il s’est lancé à votre poursuite. Il vous hait. Il veut se venger de vous, de Mlle Liesel, qui l’avez justement accusé.

— Se venger, se venger, balbutiait Tiral. N’est-ce pas lui qui fut coupable envers nous ?

Von Karch dissimula mal un haussement d’épaules.

— Oh ! Monsieur Tiral, vous, un galant homme, vous raisonnez ainsi. Pensez que les coupables, eux, ne peuvent avoir cette tendance à être justes. Pour l’acquérir, ils devraient s’accuser ; et s’accuser est un acte qu’ils ne se soucient pas d’accomplir.

Mais reprenant le ton pénétré, affecté depuis le début de l’entretien :

— Quoi qu’il en soit. Il s’est mis à votre recherche, a découvert votre arrivée dans la presqu’île du Yucatan, et d’un instant à l’autre, de par son appareil diabolique, il peut éventer votre retraite.

Puis, d’un accent dramatiquement affectueux :

— J’ai appris ses projets. Je vous aime en raison du bonheur que mon heureuse étoile m’a permis de vous assurer. Comme vous dites en France, je suis un Monsieur Perrichon, attaché à vous par les services rendus. L’idée que vous succomberiez m’a été insupportable. Déjà plusieurs de vos adversaires sont immobilisés. Les Fairtime, capturés par moi, sont prison-