Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/407

Cette page a été validée par deux contributeurs.
396
L’AÉROPLANE-FANTÔME

En peu d’instants, le bruit des pas, des conversations, s’éteignit. Les prisonniers restaient seuls au fond du gouffre, éclairés à peine par la lanterne du bateau qu’on leur avait laissée.

Et lord Fairtime ayant fouillé, sur l’avis de Margarèthe, dans les poches de son vêtement, en tira un papier qui, selon son expression, n’aurait pas dû y être, car il ne s’expliquait pas comment il y était venu. Ce papier déplié, exposé aux rayons de la lanterne, il lut :

« Cette nuit, Miss Veuve connaîtra l’emplacement du Cenote de Ah-Tun où vous êtes. Courage. Espoir. « Tril ».

Cependant, Manuelito escaladait le sentier sur les pas de Von Karch. Tous deux atteignirent l’orifice du Cenote, s’ouvrant à la surface du sol, ainsi qu’un cratère de trois à quatre cents mètres de diamètre.

L’Allemand et le pseudo-Américain se trouvaient seuls, les bandits étant demeurés en arrière, échelonnés par petits groupes sur le chemin sinueux.

La lune, peu élevée sur l’horizon, décrivait déjà sa courbe descendante, bien qu’il fût à peine dix heures du soir, et ses rayons obliques donnaient au paysage une apparence mystérieuse, presque féerique.

Les grands arbres, enlacés par les lianes ainsi que par des serpents gigantesques, formaient, au Cenote, une ceinture verdoyante, arrêtant les regards.

Mais sous les rayons lunaires, ils prenaient une vie inattendue. Il semblait que les branches se combattaient comme des bras, que les cimes se balançaient ainsi que des cimiers. C’était la forêt animée, sortie du cerveau de ces artistes de rêve que l’on nomme Gustave Doré ou Robida.

— Eh ! grommela l’Allemand, voilà une forêt vierge en miniature. Comment dénicher là-dedans cet imbécile de Tiral ?

Le jeune garçon haussa les épaules.

— Cela, je l’ignore. Je n’ai jamais passé la lisière du bois interdit, et le señor Brumsen ne m’a pas renseigné.

— Cherchons.

Entre les bords du Cenote et les premiers arbres s’étendait un espace nu, caillouteux, parsemé de plantes épineuses, cactus, cierges de l’Estacado, et autres.

Ils en firent le tour, sans découvrir la moindre trace de cabane, de hutte, pouvant abriter provisoirement des voyageurs.

— Le diable enfourche ce stupide Tiral, grondait l’espion.

Son jeune compagnon l’interrompit.

— Chut ! Écoute.