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L’AÉROPLANE-FANTÔME

dépêche. Il me la montra : Ce sont mes amis, me dit-il. Ils m’attendront ce soir, en rade de Progreso, à bord du navire Fraulein ; tu m’accompagneras, je te présenterai.

Après quoi, nous sortîmes. Mais soudain, comme nous revenions déjeuner, au moment de rentrer en ville, il s’affaissa ; le soleil peut-être ; il est dur pour les gens d’Europe ; et il est mort dans mes bras.

— Mort ?

Ce fut un rugissement qui s’échappa des lèvres de Von Karch. L’annonce du trépas de son complice l’avait atteint en plein cœur.

— Oui, mort ; mais ayant eu le temps de me remettre ce portefeuille.

Le Yucatèque jeta sur la table un carnet qui ressemblait étrangement à celui que Tril avait arraché à Brumsen.

— Il contient, reprit le métis d’un ton dévotieux, le plan de la voie souterraine révélée par les Pah-Ah-Tun, et les signes permettant de ne s’y point égarer. Mais avant d’expirer, mon sauveur a encore prononcé une phrase que je dois vous répéter.

— Une phrase, laquelle ?

Défiez-vous de l’homme, patron. Je me trompe peut-être ; mais je sens que je meurs par lui.

Les paroles tombèrent comme un glas. Von Karch devint très pâle ; d’un geste machinal, il passa la main sur son front où perlaient des gouttelettes de sueur.

— Il a dit cela ? bégaya-t-il.

— Il l’a dit.

Puis, avec la courtoisie souriante d’un garçon déjà au service de son interlocuteur, Manuelito acheva :

— À présent, tu sais comment je remplace Brumsen, comment à sa place je m’offre à vous guider sur le fleuve souterrain qui conduit au Cenote.

Et à part lui, le jeune métis, dont le portefeuille de défunt Brumsen a révélé la véritable identité, se confia :

— Dommage que le patron doive prendre Von Karch vivant, sans cela, quelle jolie occasion d’en débarrasser le monde !

C’était le jeune Tril, qui, déguisé supérieurement, venait se mettre aux ordres du bandit, afin de faciliter l’exécution d’un plan élaboré avec François de l’Étoile, après l’aventure de la posada del Cenote Blanco.

Tout ce qu’avait raconté le gamin touchant les Pah-Ah-Tun et la forêt était rigoureusement exact. Des notes, prises par Brumsen, lequel était décidément