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LE LIT DE DIAMANTS.

sainte Madone m’avait sûrement pardonné de l’avoir débarrassée d’une couronne qui ne lui servait à rien, quand hier, je me trouvai face à face avec Brumsen.

— Que fais-tu ici ?

— J’ai obtenu des Pah-Ah-Tun que mes amis et moi puissions habiter le bois interdit.

C’est un savant, ce Brumsen, remarqua d’un air pénétré l’adolescent au teint cuivré. Je ne m’étonnai pas de son influence sur les Pah-Ah-Tun. Du reste, j’avais eu beau surveiller les alentours du bois, jamais rien n’y avait décelé sa présence. Il avait donc des moyens à lui d’en sortir, des moyens échappant aux yeux des hommes, car tous les gens d’Errinac et de la campagne veillent. Ils considèrent que leur bonheur est attaché au respect de la propriété des dieux. Aussi, je murmurai :

— Ah ! si c’était vrai, on pourrait sans danger piller tout le pays !

Il se mit à rire :

— Sans doute, sans doute, mais j’ai mieux que cela. Les dieux des quatre couleurs m’ont révélé l’existence d’un trésor, et je viens à la rencontre d’amis que j’ai prévenus.

— Oh ! une troupe ne passera pas inaperçue.

— Si, car les dieux m’ont indiqué une route souterraine que personne ne soupçonne.

Puis, me frappant sur l’épaule :

— Si tu as confiance en qui t’a sauvé la vie, me dit-il, sois des nôtres, tu auras ta part, une part te permettant de vivre dans le plaisir le reste de tes jours.

— En quoi ai-je mérité une proposition si tentante ?

— Tu es un garçon de cœur et puis tu es connu à Errinac ; personne ne s’étonnera de te voir errer dans la campagne, tandis qu’un étranger…

— Ma foi, plaisanta le métis avec une grimace simiesque, du plaisir pour le restant de mes jours ; la réalisation d’un rêve enfin ; et puis la confiance que m’inspirait mon interlocuteur, bref je me décidai.

— Tu es sûr de l’assentiment des Pah-Ah-Tun ?

— Révélation du trésor et de la route mystérieuse.

— C’est juste, je t’appartiens ; j’irai où iront tes amis.

Voilà comment nous dînâmes ensemble ; je ne me doutais pas alors que ce matin…

Le jeune habitant d’Errinac s’interrompit :

— Non, il faut raconter avec ordre. Ce matin, Brumsen reçut votre