Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/382

Cette page a été validée par deux contributeurs.
372
L’AÉROPLANE-FANTÔME

pient, dont le contenu, maintenant revenu à l’état liquide, lui procurait l’impression désagréable d’une aspersion à zéro. Pour comble de malchance, Tril se prit à rire aux éclats.

— Ma foi, dit-il, je n’aurais pas trouvé mieux pour vous calmer, cher monsieur Brumsen ; prenez la peine de vous asseoir et continuez votre si attachante confession.

— Mais je suis transi, gronda l’aventurier.

— Et vous craignez la pneumonie, la fluxion de poitrine. À Dieu ne plaise que je vous souhaite de trépasser ainsi à la fleur de l’âge, dans un lit moelleux. Non, non, un homme comme vous doit aspirer à de plus hautes destinées, quelque chose comme une potence dressée sur une montagne.

— Je vous dis que je grelotte, rugit l’autre avec une rage éperdue.

— Alors abrégeons l’entretien, je ne demande pas mieux ; dites-moi bien vite comment vous comptiez guider Herr Von Karch, et vous êtes libre de vous réchauffer tout à votre aise.

Dans l’attitude du coquin se marqua une suprême hésitation. Un geste de la main armée de son interlocuteur le décida :

— Après tout, on n’a qu’une existence. Tous les trésors ne la remplaceraient pas.

Sur cette réflexion, Brumsen fouilla à l’intérieur de sa blouse de chasse, en tira un portefeuille de cuir jaune, et le jetant sur la table devant son jeune adversaire :

— Vous trouverez là-dedans le plan du chemin souterrain, les marques tracées sur les parois à toutes les bifurcations. Êtes-vous content ?

Il se levait déjà ; du geste, Tril l’invita à se rasseoir.

— Le temps de contrôler vos dires, cher monsieur Brumsen. Vous semblez si pressé de vous retirer, que vous auriez pu vous tromper ; cela arrive même à de fort honnêtes gens.

Avec un grognement, le bandit se laissa retomber sur son siège. Tril, lui, ouvrait le portefeuille.

De suite, il mit la main sur une carte de papier fort ; un levé topographique sommaire, figurant une ligne sinueuse d’où s’élançaient, à droite et à gauche des traits latéraux, indiquant vraisemblablement l’emplacement de galeries se détachant de la voie à suivre. Dans un angle se lisait la mention : toujours vers la pointe.

Le gamin frémissait de joie. Il allait rapporter à François le secret de son ennemi. Et là-bas, à Washington, Jud Allan qu’il aimait dévotieuse-