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LE LIT DE DIAMANTS.

Les yeux du misérable s’injectèrent de sang. Tout ce qu’une rage impuissante peut amener de terrible dans une physionomie, passa sur ses traits, et cependant il se rassit, dominé par la tranquille audace du jeune garçon. Celui-ci reprit place sur son siège, puis, sans que sa voix trahit la plus légère émotion :

— Je sais maintenant comment vous avez trompé un pauvre honnête homme. Parlons du trésor. D’abord, où est le gîte de ce trésor ?

— Je n’en sais rien, articula nettement Brumsen.

Tril fronça le sourcil.

— Prenez garde, cher monsieur Brumsen ; vous venez à la rencontre de Herr Von Karch, pour le conduire. Donc vous savez où vous irez.

— Je sais le moyen d’arriver au trésor, oui, mais j’ignore en quel point du pays il se trouve.

— Cependant vous en venez ? Vous n’êtes pas homme à avoir négligé d’examiner la route.

— La route est un tunnel.

Du coup, Tril menaça le coquin de son arme. L’aventurier eut un mouvement de recul, et avec un accent de sincérité auquel l’Américain ne pouvait se tromper :

— Je vous jure que je dis la vérité. Au surplus, vous le reconnaîtrez si vous m’écoutez.

— Eh bien ! je vous écoute, monsieur Brumsen ; parlez.

— Alors, je dois d’abord vous raconter que M. Tiral a découvert le trésor (en quoi consiste-t-il ? je l’ignore), il y a bien longtemps. La cachette doit se trouver aux environs d’un village maya du nom d’Errinac, car c’est de ce point que, Tiral ayant rendu un grand service à un chef indien, celui-ci le conduisit au gîte.

— Pourquoi ne l’a-t-il pas emporté alors ?

— Vous allez voir. Les Indiens ont un amour indomptable pour leur sol. Ils considèrent les étrangers avec défiance, et s’ils les soupçonnent de vouloir s’approprier les richesses souterraines ou autres, ils les massacrent sans pitié.

— Allez toujours.

— Aussi le chef ami de Tiral, lui indiqua-t-il une route souterraine, le lit d’une rivière que le sol a bue. Personne ne la connaît aujourd’hui, sauf ce brave bonhomme, et nul ne serait en état de la suivre sans connaître les signes de direction, car les eaux, dans ce divin pays, forment sous terre un véritable labyrinthe.