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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Sans doute. Cela ne vous paraît-il pas raisonnable ?

— Pouvez-vous le penser ? Je n’hésite pas à vous satisfaire. S’il vous plaît, vous me désignerez par cette appellation : le Confesseur.

— Le Confesseur ! En voilà un nom !

— Mérité, cher monsieur Brumsen, je vous explique pourquoi.

Il leva la main en l’air, tenant entre le pouce et l’index la boîte tirée de sa poche un instant plus tôt.

— Vous voyez ceci ?

— Je vois.

— Eh bien ! C’est un ingénieux appareil, naguère imaginé par Herr Von Karch lui-même. Cela semble une inoffensive boîte ; mais remarquez qu’à la partie supérieure passe un joli canon d’acier bruni. Que j’appuie sur un ressort, il jaillit un gentil projectile, chargé d’acide carbonique liquide. Le projectile éclate au choc sur l’obstacle choisi : le liquide retourne soudainement à l’état gazeux, produisant sur le dit obstacle un refroidissement de près de deux cents degrés. Si l’obstacle est un homme, il est instantanément réduit à l’état de glaçon, son sang cesse de couler. Et une heure après, dégelé, le mort passe, aux yeux des médecins, pour avoir succombé à une congestion, à une embolie ; c’est même pour cela que Herr Von Karch, qui a le mot pour rire, désigne ce charmant instrument sous le nom de lance-embolie.

En effet, Tril brandissait l’arme perfide emportée naguère du Babelsberg par François. Brumsen hocha la tête :

— Je ne saisis pas le rapport entre ceci et les mots : le Confesseur.

Un accès d’hilarité secoua le gamin.

— Comment, vous ne saisissez pas ? supposez un homme qui sache certaines choses que j’ignore. Je braque sur lui mon appareil, et je lui dis gracieusement :

L’Américain indiqua une pause, puis la voix devenue soudain mordante :

— Monsieur Brumsen, je veux savoir tout ce que vous avez imaginé pour capter la confiance de l’infortuné Tiral ; confessez-vous à moi.

Brumsen comprit. Il se leva, mais le bras de Tril se tendit vers lui menaçant.

— Veuillez vous rasseoir, ne pas tenter un mouvement ; ou sinon, j’aurai le regret de vous délivrer un billet de passage pour un monde meilleur !

Et l’aventurier, dominé, ayant obéi, Tril reprit :

— Je veux que vous soyez bien persuadé de la réalité de mes dires. Rien ne prédispose à la confiance comme la certitude de n’être pas trompé.