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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Tiral, s’exclama Marga, n’est-ce pas l’ami de…

La main de Von Karch se crispa sur son poignet, lui causant une douleur si vive qu’elle ne prononça pas le nom de l’ingénieur. Et l’Allemand reprit, sans que sa voix trahit quoi que ce fût de ses pensées intérieures :

— Je voulais vous démontrer le défaut d’équilibre de l’esprit de ce personnage. Quand Iseult rentra en possession de sa fille, elle constata que son étrange mari avait tatoué l’enfant.

— Tatoué ?

— Oh ! pas des pieds à la tête, rassurez-vous, Marga. Le tatouage, de trois centimètres de long sur deux de hauteur, se dessinait sur le cou-de-pied gauche de Liesel.

— N’importe, c’est de la folie.

— Ou de la sagesse. Supposez, ma chère, un individu persuadé que l’on surveille ses moindres actions. S’il possède un secret, il ne le confiera pas au papier. Un papier se dérobe si aisément. Tandis qu’un tatouage…

— Se remarque, puisque Iseult l’a remarqué.

— Et pendant longtemps, ma jolie Marga, on croit à une fantaisie inepte de son auteur.

Liesel avait tressailli.

— Vous ne le croyez donc plus, Herr Von Karch ?

Dans l’accent de la métisse, il y avait une ardente interrogation. L’interpellé secoua la tête d’un air dubitatif.

— Je n’affirme rien, mais j’ai pensé parfois qu’un secret énoncé en termes sybillins pourrait être confié ainsi.

— Alors Mlle  Liesel serait un parchemin vivant ?

— Vous savez quelque chose ?

Ces quatre mots jaillirent des lèvres de la créole comme un cri décolère, comme un appel à la haine. Mais l’Allemand était de ceux qui s’expliquent seulement quand cela leur plaît.

— Non ! Mais ce « palimpseste », photographié sur ma demande, je l’ai étudié longtemps. Oh ! le sens m’en demeure caché ; toutefois, plus je vais, plus je suis mon hypothèse.

Il avait tourné le bouton d’allumage de la lampe électrique éclairant à volonté l’intérieur de l’automobile.

— Regardez ceci, reprit-il, et dites-moi si cela n’a point l’air de ce que je pense.

Il tendait une feuille de papier à ses interlocutrices. Sur ce papier se dis-