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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— C’est cela même. Un entonnoir, mais un entonnoir géant. Certains ont plusieurs centaines de mètres d’ouverture. Au fond, coule l’eau de la rivière souterraine.

— Est-ce que l’on navigue sur ces rivières étranges ?

— Les géologues affirment qu’on le pourrait, car les cours d’eau, usant toujours leur lit, ont dû creuser de véritables galeries dans le roc imperméable ; mais les habitants sont trop peu nombreux pour entreprendre les travaux de reconnaissance indispensables avant de s’aventurer dans le méandre souterrain. Toutefois, ce qui donne beaucoup de poids aux allégations des savants, c’est que, ce qui ne se produit nulle part ailleurs dans les eaux circulant sous terre, on rencontre des caïmans dans les rivières du Yucatan. On les chasse même, et certains lavoirs sont transformés en « affûts » par les disciples de Saint-Hubert.

— Voilà que les caïmans et les savants vont ensemble !

— Oui, parce que la présence des premiers permet aux autres de dire que les rivières ont un cours assez régulier pour que les sauriens s’y plaisent. Or, vous ne le savez peut-être pas, mais moi je l’ai appris dans mon volume, les caïmans, crocodiles, alligators et autres vilaines bêtes de même venue, sont des animaux extrêmement difficiles dans le choix de leur résidence.

— Des petites maîtresses à longues dents ?

— Joé, vos façons de dire illuminent la science. Maintenant vous connaissez le Yucatan, ses habitants, son réseau hydrographique, aussi bien que si vous y viviez depuis dix ans. Laissez-moi me hisser sur le chariot afin que j’interroge la plaine environnante. Je suis inquiète de l’absence prolongée de Tril ; et puis je voudrais bien aussi que M. François fût de retour.

Sans attendre de réponse, la fillette avait fait le tour du wagon et s’était engouffrée à l’intérieur.

Une minute après, elle reparut dressée sur la toiture de la lourde machine. Son fin visage voilé d’anxiété dominait à peine la cime des végétations dissimulant l’appareil de François de l’Étoile.