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LE LIT DE DIAMANTS.

— « Et même, continua la mignonne Américaine sans tenir compte de l’interruption, on peut affirmer qu’elles n’en souffrent pas. Elles conservent une gracieuse coquetterie et font montre d’une propreté méticuleuse, qui pourrait servir d’exemple aux nations réputées civilisées. Il faut voir ces porteuses d’eau vêtues d’étoffe blanche éclatante de fraîcheur : le huipil (chemisette), le fustan (jupon serré à la hanche) brodé d’une guirlande de fleurs, une mantille blanche également jetée sur les épaules, leurs cheveux noirs tordus en un chignon à la chinoise, pour comprendre tout ce que des êtres courageux, simples et laborieux, peuvent allier de grâce, de charme et de gaîté à un travail qui épouvanterait des races moins vaillantes. Les Mayas n’ont point la faiblesse de l’éducation atavique des peuples d’Europe, qui considèrent le travail comme une punition. Pour eux, le travail est une condition de la vie, rien de plus, et ils l’effectuent joyeusement, philosophes sans le savoir ; ayant trouvé peut-être la véritable raison de vivre, la véritable formule du bonheur. »

Il y eut un silence. Évidemment les deux petits Anglais, arrachés à la misère de Londres par Tril et sa jeune amie, étaient impressionnés par la phrase grandiloquente du livre. Pourtant, Joé ne put se tenir de dire :

— C’est égal, des puits de plus de cent mètres ; c’est bien ce que vous disiez ?

— Oui, dans l’intérieur du pays, quand on s’éloigne de la côte. Seulement la population s’est agglomérée au long des rivages. L’intérieur reste presque désert, habité par quelques tribus purement indiennes.

— Enfin, les puits n’eussent-ils que 25 ou 30 mètres, c’est un exercice pénible que d’y descendre pour aller au lavoir ou pour puiser de l’eau, et cela devient effrayant, quand il faut remonter avec des récipients remplis de liquide.

Comme poussée par une réflexion intérieure, Ketty demanda timidement :

— Mais qui a fait les puits ?

— Sur le bord de la mer, les Mayas les ont creusés, y ont taillé des escaliers dans le roc, ont aménagé des excavations souterraines en lavoirs. Dans l’intérieur, les Indiens utilisent les Cenotes.

— Les Cenotes ? Qu’est-ce que c’est que cela ?

— Des excavations naturelles affectant, ce qui doit tenir à la nature du sol, la forme de cônes renversés, c’est-à-dire qu’à la partie supérieure s’ouvre une large excavation, dont les pentes se rapprochent à mesure que l’on descend.

— Un entonnoir enfin.