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L’AÉROPLANE-FANTÔME

Une turbine (Klausse avait découvert cela en vérifiant l’appareil) avait subi un frottement quelconque ; un copeau d’acier avait sauté, créant une encoche, et l’axe ripait.

Il avait fallu deux fois vingt-quatre heures pour réparer l’appareil. Enfin, on était parti le soir même.

Une heure avait suffi à l’aéroplane pour effectuer le parcours de Weeneborg à Hambourg, et les voyageurs planaient au-dessus de cette dernière ville à faible hauteur (les nuages bas leur permettant cette audace), quand leur attention avait été attirée par le faisceau lumineux d’un projecteur éclairant le môle où se déroulait le combat.

Malgré la distance, Suzan reconnut de suite Tril, et manœuvrant le treuil du filet, tandis que Klausse portait la marche de l’engin à la vitesse maxima, on avait enlevé le jeune garçon à la barbe des gens stupides qui le menaçaient.

Klausse crut le moment venu de se mêler à la conversation.

— Où allons-nous, Mademoiselle Suzan ?

Elle le regarda avec une nuance d’étonnement.

— Oh ! fit gaiement le watman, je vous demande cela, parce que, dans toute l’aventure, vous avez commandé. C’est vous qui avez décidé notre départ de Weeneborg. le sauvetage de Master Tril. Eh ! eh ! on m’a toujours dit que les femmes, même toutes jeunes, aiment mieux commander qu’obéir. Alors, je viens aux ordres, d’autant plus volontiers que je ne sais trop que faire.

— Descendons le cours de l’Elbe, et assurons-nous que le vapeur Fraulein croise toujours au large.

— Nous n’arriverons jamais à l’identifier ; il fait nuit, et un bateau blanc dans la nuit ressemble furieusement à un bateau noir.

— Alors, que proposez-vous ?

— De retourner à Weeneborg. quitte à nous remettre en route au point du jour.

— Vous avez raison, Monsieur Klausse. Faites ainsi que vous l’indiquez.

Et la conversation des petits Américains, reprit tendre, joyeuse, tandis que l’aéroplane s’orientait vers le chemin de la terre danoise.

Tout dormait à la ferme de Danerik. L’aéroplane remisé, les trois passagers consacrèrent au repos les quelques heures dont ils disposaient.

À l’aube, ils se retrouvèrent à l’entrée de la remise. Et cinq minutes plus tard, ils étaient loin de l’exploitation, où leurs compagnons dormaient