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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Vous êtes de ses amis ?

— Non, à preuve que je viens de le voir pour la première fois. C’est un nommé Klobbe qui m’a chargé de lui dire d’utiliser sa nuit de garde pour nettoyer le moteur. Comme cela, parait-il, vous pourrez appareiller de suite, si vous en recevez l’ordre de votre armateur.

— Ce Klobbe est décidément un homme de précaution, murmure Walter. Je ne l’aurais pas cru doué d’une telle initiative. Tu vas le retrouver peut-être ?

— Vous l’avez deviné de suite ; on voit bien que vous êtes un chef.

La remarque flatte le capitaine dont l’organe devient tout à fait bienveillant pour ajouter :

— Eh bien ! tu lui diras que le capitaine Walter le félicite de sa bonne pensée. Le capitaine Walter, tu te souviendras ?

— Tiens donc, j’ai eu un prix de mémoire à l’école.

Et comme Walter s’est écarté du passage, l’Américain profite de l’occasion. Il saute sur le quai, traverse la chaussée en quelques enjambées, et se jette à corps perdu dans la première avenue qui s’offre à lui, tandis que le capitaine, tout interloqué par cette fuite soudaine, sent, mais un peu tard, naître en lui le soupçon qu’il a été trompé !

Le soupçon se changea en certitude lorsqu’il découvrit le brave Niklobbe enfermé dans la cabine. Mais, comme à ce moment le gamin était hors de portée, ce fut le chauffeur qui porta le poids du mécontentement du capitaine.

Le pauvre diable, arraché aux délices du sommeil par une série de bourrades à assommer un bœuf, ne comprit jamais pourquoi son supérieur l’accusait de s’être enfermé du dehors, ce qui, chacun s’en rend compte, est tout à fait impossible quand on est en dedans.

Tril, lui, avait gagné au large. Il déambulait le long des larges avenues plantées d’arbres, bordées de maisons somptueuses, qui circonscrivent le lac intérieur de Binnen (Binnenalster). Sur les indications de passants bénévoles, il traversa la place de, Gunsemarkt, passa devant le théâtre de la ville (Stadttheater) et déboucha devant le jardin Botanique.

À sa droite, les lanternes alignées lui révélaient la promenade de l’Esplanade, mais il ne lui accorda aucune attention. Toutes ses facultés s’étaient concentrées sur un bâtiment grandiose se dressant à sa gauche, et sur lequel un réseau compliqué de fils électriques, convergeant en ce point de tous les quartiers de la ville, rendait inutile l’inscription : « Post ».