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L’AÉROPLANE-FANTÔME

se glissa sous la bâche ; satisfait de ce premier succès, il s’allongea sur le fond de la petite embarcation, et ferma les yeux, murmurant avec une philosophie qui, en pareille occurence, confinait à l’héroïsme :

— Il est tard, je suis trempé. Tâchons de dormir. Demain, il fera jour.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le surlendemain, la lecture des journaux du matin bouleversa toutes les imaginations allemandes.

Ils annonçaient des nouvelles sensationnelles, que les habitants enclins au merveilleux ne manquèrent pas de déclarer fantastiques et dépassant la compréhension des hommes. Voici en quels termes le National Zeitung s’exprimait :

« Depuis que Miss Veuve est entrée dans la vie du peuple allemand, il semble que nous nous agitons au sein d’un cauchemar. Les aventures inexplicables, déconcertantes, se succèdent, conduisant les esprits les plus pondérés à l’affolement.

« Avant-hier soir, la gendarmerie de Postdam et celles des localités voisines furent averties que Miss Veuve avait établi son campement pour la nuit dans le parc impérial de Babelsberg.

« Tous les soldats disponibles furent dirigés vers le point désigné. Naturellement Miss Veuve demeura invisible ; mais, vers trois heures du matin, un incendie d’une incroyable violence se déclara dans la Maison Carrée sise à mi-hauteur de la colline. Les meubles, les planchers avaient été arrosés d’essence ; il fut impossible de dompter le feu ; actuellement ce rendez-trous de chasse de Sa Majesté forme un monceau de décombres qu’entourent lugubrement les eaux stagnantes du fossé. Nul doute que l’insaisissable Miss Veuve n’ait voulu se venger d’avoir été dérangée.

« Or, hier soir, alors que la ville de Berlin s’entretenait de cette nouvelle manifestation de l’être diabolique qui trouble l’empire, un bruit incroyable se répandit par la cité avec la rapidité de la flamme sur une traînée de poudre.

« Avisés les premiers, nous refusâmes d’accorder créance à l’incroyable rumeur, mais une rapide enquête nous démontra la réalité du fait stupéfiant que voici :

« Un homme volant a pénétré dans le palais impérial. Une sentinelle l’a aperçu, au moment où il planait sur la cour intérieure que dominent les fenêtres du cabinet de travail de Sa Majesté.