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MISS VEUVE.

Et avec l’audace innée chez lui, le courageux garçon était entré dans l’eau sans attirer l’attention de l’équipage. À présent, au bout de sa corde, entraîné avec une vitesse croissante, l’eau passant à chaque instant par dessus sa tête, il murmurait :

— Pas aisée ma position. Je ne tiendrai pas longtemps ainsi, un seul moyen, monter à bord.

Il regardait en l’air, scrutant le bordage de l’embarcation. Il eut soudain une exclamation joyeuse :

— Le canot.

À l’arrière du vapeur, un canot, recouvert d’une bâche, se balançait suspendu à ses portants.

Quelle cachette s’il y pouvait atteindre. Tril ne réfléchit pas plus d’une minute. Il sentait ses doigts s’engourdir au contact de la corde mouillée. S’il attendait encore, ses mains s’ouvriraient, et le bateau lui échapperait.

Sur cette réflexion, il commença son ascension. Lentement il grimpa, jeta un regard perçant sur le pont quand ses yeux furent au niveau supérieur du bordage. Le pont était désert, seul le timonier, debout à la barre, veillait à la marche de l’embarcation. Von Karch, sa fille, leurs compagnons, s’étaient retirés dans la cabine du pont, d’où s’échappait un murmure de voix.

L’instant était favorable. Le gamin n’hésita plus.

Déjà on avait laissé en arrière les quais de Postdam dont les lumières eussent pu trahir les mouvements du brave enfant. Tout était ombre autour du vapeur. Seuls, les feux de position et la lanterne de l’habitacle découpaient dans le noir de faibles halos lumineux.

Tril put gagner le canot sans éveiller l’attention de l’homme de barre. Il