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L’AÉROPLANE-FANTÔME

cidément l’air du parc de Fairtime est tout à fait favorable à la santé des trépassés.

— Lui, lui, vivant !

Margarèthe murmura cela d’une voix fervente. Peut-être la malheureuse ne sut-elle pas qu’elle exprimait le cri de son cœur. François vivant, l’abîme qui la séparait des Fairtime, vers lesquels elle se sentait irrésistiblement attirée, lui apparaissait moins profond.

Mais l’ingénieur, un instant déconcerté par la brusque interpellation de Von Karch, leva la main comme pour chasser toute préoccupation, et prononça le nom de sa fiancée :

— Édith !

Tout ce qu’un cœur peut contenir de tendresse tremble dans ces deux syllabes. C’était un sourire, une caresse d’âme, une voix de rêve, un chant céleste.

Et elle, oublieuse des assistants, emportée par l’affection dans les sphères irréelles où l’on ne se souvient plus de la terre, où l’univers apparaît ainsi qu’un désert rose, peuplé seulement par une présence chère, elle répondit :

— François !

Elle n’avait plus peur, la confiance rayonnait d’elle, de son clair regard, de ses lèvres entr’ouvertes. Il était là. Le malheur ne pouvait plus la frapper :

— Ah ! chère, chère Édith. Comme nous avons souffert !

— Oui, mais vous voici. Le rêve noir est fini.

— Fini. Je vous délivre et…

Le jeune homme avait fait un pas vers sa fiancée. Von Karch l’arrêta d’un mot :

— Prenez garde ! Un pas encore, et mon serviteur appuierait sur la manette qui commande le courant électrique.

Il désignait du regard l’athlétique Siemens, brute impassible et dévouée, qui appuya son dire d’un signe de tête.

— Ah ! murmura François, ne la revois-je donc que pour la perdre encore !

Avec une fausse bonhomie, Von Karch modula :

— Cela dépend uniquement de vous. Veuillez vous souvenir de ce que je vous ai proposé en haut.

Puis, voyant sur les traits de son interlocuteur les marques de l’indécision.