Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/268

Cette page a été validée par deux contributeurs.
259
MISS VEUVE.

lait que cette pensée, il l’avait eue en effet. Le professeur eut un sanglot. D’une voix entrecoupée, il bégaya :

— Elle aurait joué cette terrible comédie de la mort ! Eh bien, tant pis. Au ciel, on n’a plus de haine. Au nom de mon frère, je vous répète : Épargnez-la.

— Je vous le promets.

Listcheü ouvrit les bras à son interlocuteur, et les deux hommes s’étreignirent. Puis ils se séparèrent. Lentement, le doktor murmura :

— Elle sera sacrée pour moi ; je pense comme vous-même que les trépassés pardonnent.

Puis il regagna la lucarne. Un instant après, il était sur le toit, où il retrouvait le filet. Il s’en enveloppait et tirait par trois fois le filin de métal relié à l’aéroplane. Aussitôt un mouvement ascensionnel se produisit ; bientôt, le doktor disparut dans les ténèbres du ciel.

Ce fut seulement une heure plus tard que des policiers firent irruption dans la demeure du professeur Berski.

On juge de la déconvenue de ces personnages à être reçus par celui-là même dont ils pensaient constater l’absence.

Et comme une opération policière doit toujours se terminer par la punition de quelqu’un, l’agent secret Bjorn, ayant signalé par erreur, le professeur du Gymnase, comme effectuant hors de la ville une promenade suspecte, fut mis à pied sans traitement pendant un mois.

Cette soirée, du reste, devait être fatale à la police politique.

Les agents qui rôdaient autour de la retraite de Vaniski, connurent les foudres hiérarchiques, leur défaut de vigilance (c’est ainsi que l’administration expliqua l’affaire) ayant permis au paysan et à ses enfants de disparaître sans laisser de traces.