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MISS VEUVE.

Gymnase, on lui retirera son pain quotidien. Qui sait ce que l’on fera encore !

— Mais est-il sûr que l’on saura ?

— Sa visite ? Ah ! sa sortie de Posen a été signalée, croyez-le ; au retour, il sera arrêté aux portes de la ville, interrogé.

Le paysan s’arrêta. Le doktor souriait.

— Vous ne comprenez donc pas ? balbutia-t-il.

— Mais si, mais si ; que faut-il pour éviter tous ces malheurs ? Que M. Berski rentre chez lui sans qu’on le voie. Qu’il se trouve dans sa maison quand les policiers iront s’assurer de son absence. C’est ce que ces messieurs appellent un alibi indiscutable.

— Cela est impossible, hélas !

— Et cependant je le ferai. Réponds au signal. Amène M. Berski près de nous. Et si dans ta cabane, il se trouve quelque objet auquel tu tiennes, profite de l’occasion pour le transporter dans mon véhicule.

Dominé, le Polonais sortit. Un nouveau hululement vibra dans l’air. Cinq minutes après, Vaniski reparaissait, chargé d’un paquet peu volumineux qu’il déposa sur le plancher.

— Tout ce que je possède, expliqua-t-il.

Puis, comme honteux d’avoir parlé de lui, il s’effaça, et respectueusement annonça :

— M. le Professeur Berski, qui a éveillé la patrie dans l’âme de mes enfants.

Le personnage désigné se présentait sur le seuil. C’était un homme d’une quarantaine damnées, mais il portait plus que son âge. Ses cheveux, sa barbe, apparaissaient presque blancs. Dans ses yeux brûlait la fièvre, et chaque pli de son visage maigre disait que ses traits avaient été burinés par la douleur.

D’un regard, Herr Listcheü sembla prendre possession du nouveau venu, puis tendant la main au professeur immobile.

— Soyez le bienvenu, Herr Berski. Dans quelques minutes, vous serez chez vous, en sûreté. Je vous parle ainsi, car je vois que Vaniski vous a déjà raconté ma venue à sa façon.

Un vague sourire passa sur les lèvres du professeur.

— Oui, un wagon tombant du ciel.

— Et qui va y remonter avec vous à son bord, si vous y consentez.

— Quoi, cela serait possible ?

— Facile même. J’ai foi en la parole que vous allez me donner de ne divulguer à personne le secret de votre serviteur.