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L’AÉROPLANE-FANTÔME

L’espion est renseigné sur ces choses, car il enfouit l’obturateur dans une de ses poches et applique l’œil à l’ouverture qu’il a démasquée.

Son regard découvre ainsi une sorte de salon souterrain à la voûte un peu basse. Les murs, peints en blanc, sont semée de rosaces d’or, analogues à celle remarquée sur le bouchon de bois.

Des meubles que les fabricants n’avaient pas destinés à aménager une cave, remplissent la pièce. Le sol, asphalté, on peut s’en convaincre en examinant une bande découverte au long des parois, est caché partout ailleurs par un tapis mobile d’épaisse moquette.

Mais ce n’est pas ce décor connu qui intéresse l’Allemand. Son œil se fixe sur les cinq personnages qui s’y meuvent. Jeté dans un fauteuil, les paupières mi-closes, toute son attitude révélant un absorbant travail de la pensée, lord Gédéon Fairtime semble avoir oublié que d’autres personnes sont auprès de lui. Étendu sur un canapé voisin, son fils Jim baille à se désarticuler la mâchoire.

Ces deux personnes contrastent avec les trois autres, groupées dans un angle du salon, et qui s’entretiennent d’un air animé.

Miss Édith et Péterpaul causent avec Margarèthe Von Karch. Édith vêtue de noir, Marga en robe claire, se regardent, l’une prisonnière, l’autre libre, et cependant sur les traits de la charmante Anglaise, l’espérance jette son rayonnement, tandis que les traits de la belle Allemande expriment l’angoisse. Ce contraste est si étrange qu’il frappe l’espion. Avec colère, il grommelle :

— Ma Parole, on jugerait en les voyant que Miss Édith est maîtresse de la situation. C’est à se briser la tête contre les murs.

Son regard se pose menaçant sur le groupe. Les paroles échangées arrivent jusqu’à lui. Ceux qu’il espionne, ne sauraient deviner que, dans l’ombre, leur ennemi veille, souligne de réflexions mordantes les pensées exprimées.

— Je crois à votre bonne foi, Miss, dit Édith, dont la jolie Allemande