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L’AÉROPLANE-FANTÔME

Cet intérieur figurait un spacieux quadrilatère, divisé en deux parties inégales par une cloison à hauteur d’appui.

Le docteur, debout devant la paroi du fond, dispose méthodiquement sur cette surface des fils métalliques. Quatre adolescents suivent ses mouvements avec un intérêt marqué.

Ce sont ses enfants sans doute, ainsi que le watman Klausse l’a annoncé aux hussards.

Pourtant un invité de la réception impériale qui, trois jours auparavant, eût vu Tril, l’eût reconnu de suite. Et en regardant bien, ses compagnons n’étaient autres que sa chère petite amie Suzan et ses fidèles Joé et Ketty. Eux ? Que faisaient-ils là, sur la route de Grossbeeren, dans cette automobile bizarre ?

— Ah ! j’ai eu peur, grommela le jeune Américain.

— Et moi donc, avoua Suzan.

— Et moi ! Et moi ! lancèrent les ex-gamins de Londres.

— Tu dois te gronder, Tril, car tu as manqué de raisonnement. Ces soldats cherchent un aéroplane. Il y avait à peu près certitude qu’ils ne perdraient pas leur temps à troubler de paisibles automobilistes.

Curieux personnage que ce docteur. La phrase, remplie d’ironie dans les mots, fut prononcée sans la moindre ironie d’accent.

Et comme Tril, déconcerté par l’explication qu’en son for intérieur il doit reconnaître juste, a un mouvement de dépit, Suzan, toujours prête à venir à son secours, détourne la conversation. Elle désigne les fils de métal que le docteur applique sur la paroi.

— Sera-ce long encore, Herr Doktor ?

— Non, petite Suzan ; dans dix minutes, tout sera réparé.

— Tout ! Et l’on s’envolera de nouveau ?

— Parfaitement.

— Ah, j’en serai ravie. Voyez-vous, Herr Doktor, je ne vis plus depuis que la rupture d’un conducteur électrique nous a obligés de toucher terre.

— Ce qui, du reste, s’est passé dans les meilleures conditions.

— Oui, oui, certainement. Une clairière s’est offerte à nous juste à point. J’ai bien compris qu’en pleine campagne nous aurions été signalés de loin, et que nous n’aurions pu opérer la transformation de l’aéroplane en automobile, sans être surpris par ces maudits soldats. Ah ! acheva la fillette en rage, ces soldats, c’est comme les sauterelles ; il y en a partout. Si nous pouvions seulement vous aider.