Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
L’AÉROPLANE-FANTÔME

semblaient à présent n’être que de lentes pataches auprès d’un rapide de grande ligne.

Si l’on tenait compte que ces appareils se déplaçaient cependant, à raison de cinquante à quatre-vingts kilomètres à l’heure, on en arrivait à cette stupéfiante conclusion que l’aéroplane Loisin devait couvrir environ cent cinquante kilomètres dans le même laps.

Dix minutes étaient accordées à chacun des concurrents à la Coupe mondiale.

À l’instant même où l’on chronométrait la soixantième seconde de la dixième minute, le polyplan se posait doucement à terre, son gouvernail stabilisateur affleurant la ligne d’arrivée.

La précision de la manœuvre avait été inouïe.

Alors, une clameur frénétique monta vers le ciel. Tout le monde était debout, criant, gesticulant.

Mais il suffit à François, debout à présent devant le moteur de la machine immobilisée, il lui suffit d’étendre les mains pour obtenir le silence.

Et sa voix sonore résonna aux oreilles des spectateurs, les troublant ainsi qu’une annonce prophétique. Il dit :

— Pour mes confrères et pour moi, merci de vos encouragements. Vous voulez honorer ceux qui consacrent leur existence à la conquête de l’air ; mais, vous n’ignorez pas plus que nous que notre œuvre sera complète et pratique seulement le jour où un aéroplane remplira ces trois conditions :

1o Pouvoir demeurer immobile dans l’espace, en un point déterminé, au lieu de n’obtenir, comme aujourd’hui, son équilibre qu’en se déplaçant rapidement ;

2o Progresser en avant et en arrière sans virage ;

3o Présenter une surface réduite, telle que l’appareil soit susceptible de s’abriter dans une remise d’automobile ; ses dimensions actuelles le rendant encombrant et inutilisable en tout endroit habité.

Ce simple exposé démontre que, nous, les pionniers de l’espace, nous avons à peine indiqué la voie. Aussi vos acclamations ne signifient pas pour nous « C’est parfait ! » mais bien : « Faites mieux ! » Et tous, constructeurs, ingénieurs, pilotes, nous nous efforcerons de faire mieux, je m’en porte garant.

Il s’était tu. Personne ne bougeait. Tous s’entreregardaient, pétrifiés par la modestie hautaine de ce vainqueur qui, aux applaudissements répondait par ces mots :

— Je n’accepte votre approbation que comme ordre de réaliser tout ce