— Alors j’ai voulu me montrer prudente. — Monsieur, lui déclarai-je, croyez que je n’hésiterais pas s’il m’était démontré que ma démarche doit avoir le résultat annoncé.
Il m’interrompit :
— J’ajouterai, Altesse, que Sa Majesté sera ravie du factum.
Je n’avais pas l’air persuadée probablement, car l’inconnu s’empressa d’ajouter :
— Si je trompais une aussi bienveillante princesse, je mériterais une punition sévère. Eh bien, Votre Altesse veut-elle me faire enfermer dans une des salles du troisième étage ; qu’elle ordonne à ses gardes de veiller à ce que je n’en puisse sortir. Elle-même viendra me délivrer, si elle le juge convenable, après avoir accompli ce que j’implore de sa grâce.
— Voilà un audacieux coquin, s’exclama l’Empereur. Il savait bien que vous êtes trop aimable pour accueillir pareille proposition.
— Pas du tout, Sire, j’ai accepté.
— Vous avez ?
— Parfaitement. Le personnage est encore en ce moment dans le cabinet Vert, gardé par deux officiers que j’ai chargés de ce soin. Je m’en suis assurée en reportant mon manteau et mon voile à ma dame d’honneur. Je revenais, me promettant de m’amuser en vous voyant chercher qui pouvait bien être la dame en domino, quand les propos de vos invités m’ont révélé que j’avais collaboré à une entreprise de Miss Veuve ; et je me suis précipitée vers cette salle pour vous dire : Sire, le coupable est prisonnier, venez l’interroger.
Dans un élan conforme à sa nature primesautière, l’Empereur se précipita vers la princesse toujours prosternée, la releva, l’embrassa sur le front.
— Ainsi, grâce à toi, Louise-Marie, je vais voir un agent de l’invisible Miss Veuve. Toi, une petite femme, toute mignonne, toute bonté, toute sincérité, tu as fait ce que mes policiers, mes espions, n’ont pu réaliser. Tu as arrêté un complice. Oh ! ma belle, tu peux choisir dès demain, le plus précieux bijou chez mes joailliers. L’Empereur te l’offrira avec plaisir et demeurera ton débiteur.
Et, sans laisser à sa jeune interlocutrice le loisir de placer une parole :
— Conduis-moi, petite Louise-Marie, à la salle où tu as enfermé ton prisonnier. Tu as placé près de lui deux de mes officiers aux gardes.
— Oui, sire.
— Admirable. Toute la sagesse allemande réside donc dans ta char-