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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Vous demeurerez ici, à l’hôtel. Vous accompagnerez ma fille dans ses courses ; car moi, pour en terminer plus vite, je serai contraint de l’abandonner.

Sur quoi, reprenant place à table :

— Vous permettez que j’achève mon repas. Très en retard.

Et à part lui, il ajouta :

— Après tout, j’ai les plans des divers organes imaginés par le digne François. Nos ingénieurs de la Sprée trouveront bien le moyen de les assembler. Donc, la politique me récompensera. D’autre part, ce Tiral me conduira au gîte précieux qu’il a découvert. Là aussi, je serai payé.

Sa large face s’épanouit dans un rire silencieux. Le naïf Tiral, qui le regardait à ce moment, crut que l’expression joyeuse indiquait la satisfaction du bien accompli.

Puis tout à coup, saisissant par-dessus la table la main de Margarèthe, qui s’était assise devant lui et dévorait avec appétit, il serra fortement ses doigts roses. Elle l’interrogea du regard.

Alors, il se pencha, et dans un souffle :

— Marga, une idée. Nous irons assister à l’inhumation de l’ingénieur, dans le caveau de famille des Fairtime.

Elle tressaillit, demanda :

— Pourquoi ?

— Marque de sympathie aux Fairtime. Rencontre dans une circonstance qui ne s’oublie pas.

Tout au fond du parc de Fairtime-Castle, dans cette demeure de la joie, de la fortune, il est un coin réservé aux souvenirs chéris, à la mélancolique conversation des âmes terrestres avec les âmes envolées.

Une petite pièce d’eau, où se reflète une chapelle, byzantine d’aspect, avec sa coupole aplatie, ses revêtements polychromes, ses ornements dorés.

Alentour, de grands arbres, reliés par d’épais buissons à feuillages persistants, isolent l’endroit du reste du monde.

La chapelle byzantine est la tombe familiale des Fairtime. En dépit des lois et règlements qui interdisent aujourd’hui, en Angleterre, l’édification de monuments funéraires en d’autres endroits que les « public-places », ainsi que l’on désigne administrativement les cimetières, les Fairtime avaient conservé le privilège de leur sépulture privée.

Oh ! bien simplement. Il leur avait suffi de faire inscrire la jolie chapelle sur la liste de la puissante société des Old and fine houses, laquelle cor-