de M. Fairtime, j’ai fait examiner par la Scientifical Academy l’hélice nouvelle dont ce jeune homme vous a confié les plans… Vous l’avez expérimentée, n’est-ce pas ?
— Avec plein succès. Elle développe une puissance décuple de toutes les hélices connues.
— Alors je compte sur vous. Il y a là un cerveau qui peut être un facteur capital des… succès futurs. Il faut qu’il soit à nous à tout prix… Associez-le à votre entreprise au besoin… l’Angleterre est assez riche pour rembourser quiconque travaille à sa gloire. Vous m’entendez ?
— Oui, mais je refuse tout remboursement.
— Pourquoi ?
— Parce que je considérerais comme une fortune l’acquisition d’un collaborateur de telle valeur. Mes fils Peterpaul et Jim qui, vous le savez, me secondent dans la direction de mes usines, pensent absolument de même.
— Vous en êtes assuré ?
— Totalement.
— Alors, la chose est faite ?
— Sauf acceptation de l’intéressé.
— Oh ! vous n’en doutez pas. Un génie, oui ; mais un génie sans fortune. L’association avec vous lui apparaîtra ainsi qu’une réalisation de conte féerique.
— Je l’espère, non à cause de l’argent qui lui en reviendra, mais à cause surtout de l’affection, de la confiance, que je pense avoir méritées de lui.
— Oh ! Oh !… un caractère, alors ?
— Oui, un souverain au pays des honnêtes gens… Vous l’avez deviné sans doute, puisque vous vous intéressez à lui.
— Chut ! Chut ! pas de mots à double entente, apporta le téléphone à l’oreillon appliqué sur le pavillon auriculaire du lord.
Il s’excusa respectueusement.
— Pardonnez un involontaire rapprochement.
— Entendu… et merci de votre loyalisme.
Plus rien. La communication était terminée.
Gédéon Fairtime raccrocha le parleur. Il restait pensif en face de l’appareil.
Soudain, on heurta à la porte.
Avec un haussement d’épaules il s’en fut ouvrir. Ses sourcils froncés indiquaient qu’il se préparait à morigéner l’importun.
Mais son mécontentement ne tint pas contre la gracieuse apparition démasquée par la porte tournant sur ses gonds.