siblement vers l’escalier descendant à l’avenue de l’Opéra, tandis que le chef de la Sûreté se rendait, avec une précipitation qui démentait son calme de tout à l’heure, vers la cabine du téléphone.
Deux minutes plus tard, M. Lerenaud, très pâle, une stupeur dans les yeux, quittait la logette du téléphone et s’élançait dans l’escalier.
À la moitié de l’étage, il fut arrêté par un monsieur qui, courbé en deux, semblait très occupé à retrousser le bas de son pantalon.
Avant que le chef de la Sûreté eût pu tourner l’obstacle vivant, celui-ci, sans lever la tête, murmura :
— Me permettrez-vous de vous rejoindre, là-bas ?
— Vous, monsieur Allan !
Et, avec surprise :
— Comment savez-vous que j’y vais ?
L’Américain haussa les épaules.
— Trop simple… On devait vous téléphoner, s’il se produisait quelque chose. On vous a appelé au téléphone, donc… j’ajoute que votre hâte à descendre indique un fait grave.
— Très grave… le capitaine Anoru est mort.
Cette fois, M. Allan se dresse tout droit.
— Mort ! ce malheureux !
— Oui, assassiné dans l’hôtel de Mme de Armencita… J’y cours… à tout à l’heure.
L’Américain s’effaça pour le laisser passer. Son visage exprimait une violente tension d’esprit… et tandis que son Interlocuteur disparaissait dans le vestibule du cercle, il murmura d’un ton découragé :
— Le septième… Le septième… Et je ne suis sûr de rien.
Il eut un geste rageur.
— Oh ! Je reconnais la main qui mène tout… mais cela est insuffisant… Il faut que je persuade M. Loosevelt… Il faut que le président de la République des États-Unis soit avec moi… ou bien je reste seul, impuissant, comme depuis seize ans…
Il s’était adossé au mur. Dans ses regards scintillait une émotion profonde.
— Il faut que je réussisse, il le faut… pour que Lilian ne demeure pas condamnée à cette existence de mystère, de pauvreté, de dangers…
Et une mélancolie résignée tremblant en sa voix :
— Qu’importe Allan !… Il aura été l’instrument de l’immanente justice… Qu’il soit oublié, lui, qui se souviendra !