Jud se sentit frissonner.
— Le crime a été commis cette nuit. On a volé un nombre considérable de pierres précieuses et assassiné les gardiens de ce trésor.
— Assassiné !
Quel que fut son pouvoir sur lui-même, Jud pâlit.
Il comprenait. Les Hollandais du 115 étaient morts, leurs gemmes avaient disparu. Van Reek avait donc mené à bien son entreprise. Par quel moyen inédit le misérable avait-il dépisté la surveillance ?
— Eh bien ? grommela l’officier de police.
— Eh bien, monsieur, balbutia Allan, reprenant avec peine son sang-froid, un crime a dû être commis puisque vous le dites, seulement j’avoue n’avoir rien entendu.
— C’est trop fort… Vous me soutiendrez que deux détonations de revolver de fort calibre n’ont pas attiré votre attention ?
— Je le soutiendrai. Qu’est-ce qui vous fait croire qu’un revolver ?…
L’agent éclata d’un rire rageur, et les dents serrées :
— Il y a en bas deux cadavres, chacun a une balle dans la tête. Or, pour lancer une balle de revolver, il faut un revolver, n’est-ce pas ? Et quand le projectile s’échappe de l’arme, il y a détonation, je pense.
Jud n’avait pas besoin de feindre la surprise. À quelques pas de lui, la poudre avait agi, et, malgré le microphone, rien n’avait décelé le crime.
— Qu’est-ce que vous répondez à cela ? glapit le policier mis hors de lui par la stupéfaction évidente de son interlocuteur.
— Êtes-vous bien certain que ce sont des balles de revolver ?
La question, que Jud ne put retenir, porta à son paroxysme la rage de l’officier de police.
— Si je suis sûr ?… Je suis un ancien volontaire de la guerre de Cuba ; Je sais ce qu’est une arme à feu.
— Je n’en doute pas… Seulement, je ne conçois pas que l’on tire au revolver dans une pièce toute voisine et qu’aucun bruit ne m’avertisse.
— Par le diable, gentleman, moi non plus, je ne le conçois pas. Je le conçois si peu que, si vous étiez seul dans ce cas, je vous arrêterais séance tenante ; mais le vieux Nick s’en mêle… Tous les voyageurs disent comme vous.
— Et encore, expliquez que tout à l’heure, alors